Salios est à nouveau en émoi. Un conseil de guerre a réuni les sommités de la ville. Des mesures expéditives sont mises en œuvre pour retrouver la fugitive. Son père, Raven Bearclaw, s’est volatilisé. Cette effervescence, Shade Xanaelle et Djalesh n’en ont cure. D’autres préoccupations les animent. Tout d’abord, retrouver cette elfe impudente, la dénommée Silaé Silvermoon, qui a osé leur tenir tête. Selon les informations de Djalesh, -en l’occurrence, sa divinité, mais cela, il n’en est plus très sûr- Silaé se cacherait au cimetière. Ils s’y rendent… accompagnés par Le Chat. Que fait-il donc ici, celui-là ? Il suit Shade comme son ombre, à distance respectable. Jamais bien loin, jamais bien près. Il ne répond à aucun appel, il ne dit rien, ses yeux safranés n’expriment rien. Étrange compagnon.
Si Salaé est ici, elle se cache bien. De vielles tombes, des sépultures abîmées par le temps, une enceinte extérieure qui tombe en ruine, rien de remarquable ici. Aucune présence maligne. Un cimetière inintéressant. Il y a bien l’édifice central, ce tombeau consacré au fondateur de la ville. Une reconnaissance ne serait pas superflue… mais l’incursion manque de tourner au drame. Le tombeau est protégé par le gardien de l’île de la dague, celui que Zorn hésitait à affronter. Un repli stratégique s’impose. Alors, que faire… continuer de tourner en rond. Décidément, cette elfe leur pose bien des problèmes. Ah ! Enfin Shade a découvert quelque chose. Une sorte de terrier, savamment dissimulé, adossé à une des rares sépultures verticales. Reste à s’y introduire. A moins de rétrécir cela ne semble guère évident. Djalesh invoque le squelette d’un blaireau pour explorer ce trou, puis le cadavre malheureux de la regrettée défunte du paladin. Il n y a pas de limite à l’humiliation. Une opération de basse œuvre digne d’elle. C’est un réseau souterrain construit par un animal fouisseur appartenant sans doute à la famille des mustélidés. Un animal intelligent qui a pris la précaution de percer quatre entrées (sorties) similaires à celle qu’ils ont déjà dégagée. L’ingéniosité de Silaé ne manque pas de les étonner. Comment a-t-elle pu s’y prendre ?
Dans le boyau obscur, ils mettent à jour plusieurs passages secrets, déjouent trois pièges. Voici enfin l’elfe, lovée sur un modeste lit de paille, dans le plus simple appareil. Elle s’éveille, écarquille les yeux… juste le temps de se redresser et de voir fondre sur elle un Djalesh rendu furieux par ces recherches harassantes… il bondit, Mosaûl hurlant à ses côtés. La lame redoutable s’abat sur l’infortunée. Sa tête roule sur le sol, sectionnée nette. Une association Mosaûl/Djalesh qui s’annonce prometteuse. Ce n’est pas une elfe mais une werefox. On comprend maintenant les hurlements de rage et de dépits de Mosaûl. Une créature qui a accumulé beaucoup de richesses et dont ils mesurent toute l’importance. Néanmoins, ce lieu constitue une retraite idéale… Shade propose au chat, qui les a accompagnés tout au long de leur exploration souterraine, une invitation au voyage. Il se laisse prendre. Il doit donc être d’accord. Ils utilisent la voie express pour retourner à l’auberge de l’âtre. A leur arrivée, le chat a disparu.
Outre quelques clients habituels, s’y trouvent : Christina, la magicienne, Winston le maire et Sidon, le capitaine des gardes, visiblement heureux de retrouver Shade. Sidon ne paraît guère affecté par la disparition de son père ni par la mort -l’assassinat- de sa sœur. On vient de découvrir la tête de Mary plantée sur une pique, le visage tourné vers la mer. Sidon entrevoit l’avenir proche de la meilleure des façons. Un avenir radieux. Un avenir avec Shade. Ils exerceront leur autorité sur Salios et sur les provinces environnantes. Oui. Il s’emballe le capitaine. D’ailleurs, demain, claironne-t-il à la cantonade, demain ils se marieront ! Demain, nous bâtirons une nouvelle destinée pour Salios. Il est temps que ce laxisme cesse. Nous lèverons des milices. L’ordre sera respecté ! Shade applaudit les yeux embués par tant de promesses à venir. Les observateurs de la scène les regardent atterrés sans que nul n’ose les contredire. C’est alors que Julia, la barde, fait son entrée… Elle a dû entendre la dernière tirade de Sidon… et cela ne la ravit pas. Mais pas du tout. Comment ose-t-il ? Le jour de l’assassinat de sa sœur ! Comment ose-t-il proférer de telles grossièretés ! N’a-t-il donc aucune pitié ? Croît-il que le Conseil de la ville acceptera ses âneries ?
Puis, se tournant vers Shade, Xanaelle et Djalesh : « Qui sont ces étrangers ? Rien ne va plus depuis leur arrivée. »
Une voix sépulcrale s’élève, la coupant nette. « Ne vas-tu pas te taire, maudite ? Quant cesseras-tu de geindre et de gémir ? Tais-toi donc ».
Un silence glacial s’est abattu dans l’auberge. Le temps, suspendu à la voix, reprend son cours. Dans une bousculade générale, les clients refluent dans le fond de la salle. Ils fuient, qui par la porte, qui par les fenêtres, piétinant et écrasant les plus faibles. La barde n’a pas bougée. Winston et Christina se regardent médusés ! Sidon se cramponne à Shade. Et la violence de déferler… Djalesh brandit une Mosaûl assoiffée, Shade retient un Sidon indécis, Xanaelle se saisit de sa nouvelle épée, des élémentaires de terre participent à la grande rixe meurtrière. Un balai habilement orchestré par Mère carnage. Christina et la barde disparaissent, tandis que Xanaelle s’approche du maire paralysé, prête à le pourfendre. Sidon, sort de sa torpeur et poignarde traîtreusement Xanaelle. Elle chancelle, pantelante. Par quelle magie tient-elle encore debout ? Sidon, le pauvre, l’ingénu Sidon, meurt assassiné à son tour, non moins traîtreusement, sous les coups de sa tendre dulcinée… Inutile de poursuivre les fuyards, cela est bien trop risqué. Ils s’évanouissent. Personne ne les cherchera dans la tanière de la werefox. Ils emportent avec eux les cadavres du maire et du capitaine des gardes. Quand on pense que ce dernier s’imaginait déjà comme le nouveau maître de Salios. Cruelle déconvenue.
La soif de Mosaûl ne s’est pas tarie. Elle réclame toujours plus. Du sang, encore du sang. Djalesh exécute la volonté de sa nouvelle compagne. La nuit venue, accompagné de Xanaelle, il élimine le couple d’aubergistes qui avaient pour seuls torts d’être nés elfes. Un massacre. Que dire de plus. Quant à-toi, Xanaelle, que sont devenues tes convictions d’antan ? Est-ce la tout ce qui te reste pour exister ? Tuer et encore tuer ? Ta conscience t’a-t-elle abandonnée ?
Et le chat que Zorn avait appelé Shadow ? Où est-il ce chat ? N’était-il pas le familier du nécromancien ? Pourquoi s’est-il soudainement attaché à Shade ? Comment s’est-il transformé en ce misérable bout de lanière ? Hier Mosaûl, aujourd’hui Éveil... et ils conversent ces deux-là. De vieilles connaissances qui se retrouvent.
MF-Level 12 monoclassé, level 12-2