Il n’attendit pas longtemps pour qu’on vienne le chercher. Suffisamment longtemps pour qu’il trouve le moyen de s’empoigner avec une lieutenant de la cité au caractère bien trempé. Une histoire d’assiettes…


Inclusion d’une scène dont la temporalité est imprécise: voir Scène 1 Fant


Hulin, le gros nain barbu, l’ex-second de Phiona devenu troisième dans la hiérarchie, vint le chercher. La caserne principale faisait aussi office de prison. Elle était placée à quelques encablures du Palais de Malori et du Temple de Melissandre. Rien d’extraordinaire. Nul confort. Une prison dorée s’il en jugeait par l’attention que lui portait son hôtesse et sa supérieure. Une après-midi harassante les attendait. Inspection des troupes, rencontre avec le grand prêtre d’Onélian, présentation des grandes familles de Fant. Parmi elles : Lord Ménarak qui a bâti sa fortune sur ses liens avec le clergé et qui contrôle le système de laisser-passer de la ville, sa seigneurie Minori, veuf, ancien d’Enoos, qui s’occupe des affaires maritimes, le baron Benzur et la baronne Annobilée qui firent venir les triades de Némésis à Fant et enfin Natahlia, la plus belle des femmes de la ville dit-on, belle et mystérieuse, immensément riche, qui gère notamment la salle de jeu et la guilde des Croix en compagnie de Losia.

Rien ne lui aura été épargné. Les commerçants, les auberges, les guildes et la mère supérieure des triades de Fant. Mina. Une femme à la beauté surnaturelle, inaccessible et glaciale. Elle ne fut pas abusée par ses simulacres de déguisements, mais puisque Phiona lui accordait sa confiance, alors Djalesh méritait son respect. Phiona, encore Phiona, toujours Phiona. Cette femme l’obsédait!

La journée n’était pas finie. Elle avait décidé de l’achever. Tard dans la soirée, Hulin dressa un état des défenses de la ville, secteur par secteur. Plus de quatre heures d’exposé. Les cartes étalées sur le bureau de Phiona, leurs repas sur les genoux. Pas d’alcool.

Il doit être deux heures du matin quand enfin ils songent à se coucher. Il s’affale sur le lit qui lui a été préparé dans la chambre de Phiona. Ils dormiront dans la même chambre ; chacun son lit. Elle se déshabille dans le noir face à lui puis se glisse sous les couvertures. Djalesh bout. Combien de nuits à partager la même chambre dans ces conditions. Cette nuit sera t-elle la dernière ?


Inclusion d’une scène dont la temporalité est imprécise: voir Scène 2 Fant


Des coups répétés à la porte d’entrée le tirèrent de son sommeil. Phiona bondit hors de son lit. Quelle heure était-il ? Il faisait nuit encore. Magenta –le capitaine amouraché de Phiona qui ne recevait que des invectives martiales de sa supérieure pour tout signe d’encouragement- frappait à la porte. Un fou semait la terreur dans le quartier fluvial sur la place du marché. Elle enfila une robe –délaissant son armure et son bouclier- se saisit de son épée et se rua à la suite de Magenta. A peine sorti des limbes du sommeil Djalesh les suivit.

On entendait au loin une succession de déflagrations… L’air crépitait. L’eau bouillonnait, des gerbes d’eau léchaient l’esplanade du marché. Un pont s’effondra. Ils enjambèrent plusieurs cadavres calcinés. Un bruit assourdissant mêlé de vent et d’eau déchaînés les assaillit. Sur le toit d’une des maisons jouxtant la place, un elfe au teint cadavérique gesticulait dans la nuit tel un pantin désarticulé. Il proférait des menaces, son poing phosphorescent tendu vers l’avant, en direction des hommes qui succombaient à ses pieds. Une nouvelle gerbe électrique s’abattit sur les gardes qui se repliaient. Un second pont menaçait de s’effondrer à son tour. La furie des éléments redoubla d’intensité. L’atmosphère chavira sous les coups de butoir de l’elfe. Une voix que seule un dément pouvait émettre s’éleva par-dessus la tourmente.

« La voici en personne… quel bon vent t’amène ici. Qui es-tu aujourd’hui ? Et Lehjdas. Une compagnie de choix… Qu’as-tu fais à mon frère ? Tu croyais l’avoir occis ? Il est toujours là. Il ne t’a pas oublié. Je suis là pour le venger. J’ai abandonné tous les carcans qui me retenaient… vois comme je suis devenu puissant désormais.. »

Ignorant la menace, Phiona s’avança dans le cercle de la place désormais vide. Le cercle fut brisé. Le discours du dément fut interrompu par l’irruption d’une faille d’eau qui emporta les trois protagonistes loin de Fant.

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Du côté de Shade :

Amélie n’était pas venue la retrouver cette nuit. Elle s’octroya une pause. Elle plaignait ces femmes qui exerçaient cette profession. Les nuits se succédaient apportant ses lots de clients. Elles tomberaient en disgrâce dés lors que leur beauté se fanerait. N’entendait-on pas un bruit sourd dans le lointain ? Il faisait sombre dans la chambre. Elle préférait s’entourer des ténèbres en l’absence des visiteurs. Elle aimait ce moment quand ils pénétraient dans la chambre, fronçant les sourcils, balayant du regard la pièce à peine éclairée. Elle se dirigea vers la fenêtre alors que l’ombre …


Inclusion d’une scène dont la temporalité est imprécise: voir Scène 3 Fant


Inclusion d’une scène dont la temporalité est imprécise: voir Scène 4 Fant


Djalesh se redressa. Il se trouvait sur la place du marché. Il n’était pas blessé. Seules quelques égratignures liées sans doute à des projectiles… Les éléments déchaînés s’étaient calmés. On rassemblait les morts. Il faudrait demain reconstruire les ponts ravagés, réparer, nettoyer… Phiona donnait ses directives à une kyrielle de gardes qui s’agitaient dans tous les sens. Quid de l’elfe ? Quid de la faille d’eau ? Il n’était pas spécialiste, mais il n’avait jamais rencontré une faille d’une telle ampleur.

MF-Level 14-2, monoclassé