Inutile de parlementer dans cet endroit où la débauche et les scènes orgiaques se disputent la palme du mauvais goût. Ce temple se résume à une succession de rixes. Un barbare dit de Noln s’invite dans la danse. Ce personnage râblé, à l’accoutrement excentrique sinon déplacé brandi sa hache avec habilité. D’autant que des femelles crapauds l’escortent. Que fait un barbare de Noln en compagnie de crapauds alors que ces deux espèces honnissent ? Ils abattent les deux crapaudes mais leur principal adversaire résiste. D’autres arrivent en renfort. Rageant.

Ils se replient dans une cache jugée sûre. Leur repos est entrecoupé d’anicroches qui perturbent la qualité de leur sommeil. Passons sur la succube –une autre- que Djalesh assassine. Que dire de cet être grimaçant vaporeux qu’ils avaient déjà rencontrés dans les ruines de Gax ? Il les scrute avec haine et cruauté. S’ils abaissaient leurs gardes, il fonderait sur eux sans pitié, cela ne fait pas de doute. Notons qu’il s’est abstenu de divulguer leur cache à leurs poursuivants. Il se joue des habitants des lieux. D’ailleurs, il en consomme quelques-uns. Ce temple ne semble pas avoir de secrets pour lui. Il serait disposé à leur montrer certains endroits du temple inconnus des crapauds. C’est dans ces parties reculées du temple que Nori se retire. Ces deux-là s’évitent. Une convention tacite pleine de bon sens. Les aider ? Oui, pourquoi pas… Capturez le barbare. Vivant. Il le veut. Étrange qu’ils comprennent son sabir. Ses paroles, à mi-chemin entre chuchotement et crachat, résonnent encore dans la cache alors qu’il se liquéfie dans le mur.

Djalesh interroge le passé récent. Ses pensées balaient les vagues du temps. Des crapauds circulent. La prêtresse. Le capitaine des gardes… un personnage efflanqué aux traits émaciés, d’aspect cadavérique. Ses cheveux longs et sales pendent telles des cordelettes sur ses épaules décharnées. Il déambule, les mains croisées dans le dos, absorbé dans ses pensées. Quelque chose le tracasse. Il semble écrasé par son destin. Il doit s’agir de l’Étranger. Comment se fait-il qu’il n’ait pas disparu avec ses congénères. A moins que… ce peut-il qu’il y ait une..


Inclusion d’une scène dont la temporalité est imprécise: voir Scène 2 Gax


Ils empruntent un élévateur sous les regards invisibles braqués sur leurs pas. Ils débouchent dans une pièce au plafond bas de forme hexagonale. Une odeur d’encens tenace les assaille. Un épais tissu usé capitonne murs et plafonds. Du sol vitré, ils aperçoivent en contrebas la salle qu’ils viennent de quitter. Des banquettes en velours usagé longent cinq côtés de la pièce. Ils discernent une ouverture étroite sur le dernier côté.

Ailhiance, emporté par les vapeurs enivrantes de l’encens sombre et s’affaisse sur le sol. Il n’aura pas le temps d’assister à l’ire de Mosaûl qui vient de jaillir du fourreau de Djalesh. Son cri ou sa plainte, on ne sait s’il relève de la jouissance ou de la souffrance, déchire la quiétude des lieux. Pour quelle raison s’enflamme t-elle ? Cinq personnes reposent endormies sur les banquettes. Parmi elles, figure une elfe grise entièrement dévêtue. LG de surcroît. La jeune femme insouciante rêve. Djalesh n’a que faire de sa beauté outrageante qui entache son existence. Il la pourfend d’un geste sûr. Le flux vital quitte le corps de la malheureuse pour se déverser dans Mosaûl. Djalesh vacille, étourdi par cet apport d’énergie inattendu.

Une nouvelle rixe en prévision. On s’agite dans la pièce d’à côté. Ils s’y téléportent. Un espace organique qui pulse sous le rythme régulier d’un cœur absent partagé avec celles et ceux qui commuent à travers lui ; un sol souple rainuré et dégradé, des murs lacérés, des colonnes –immenses artères coronaires- effondrées, autant de signes d’éviscérations d’un corps meurtri, bafoué et abandonné.

Il la reconnaisse, cette chose hideuse, mi- croassante, mi- grimaçante, avachie sur son trône de chair, telle une excroissance parasitaire. Elle n’a de cesse de vociférer et gesticuler à l’encontre de ses piètres soldats prêts à mourir pour une cause dont ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants. L’un d’entre eux doit être le capitaine des gardes. Sans aucune préparation ils décident de porter le coup fatal et inaugurent une nouvelle scène de carnage. Que restent-ils sous les décombres encore fumants ? Des corps calcinés, démembrés. Ruine et désolation. Une prêtresse écrasée sous son trône. Une figure de style sans doute. A moins qu’il ne s’agisse d’une revanche de l’ancienne maîtresse des lieux envers l’éhontée usurpatrice. L’explication la plus plausible.

MF-Level 13/13 – 2