Armanthe n’est pas décidée à délaisser sa musique. Ils n’ont qu’à amener cette dénommée Galathée ici. S’ils souhaitent la contacter, il suffira de demander à sa servante Nora. Ils s’exécutent. Après tout, que peut-on refuser à la Reine…

Dans une salle d’une belle dimension, un spectacle surprenant s’offre à leurs yeux. Une petite créature difforme et ratatinée est assise sur une chaise de cristal au cœur d’une cage en acier circulaire. Une dizaine de chandelles sont disposées autour de la cage. Quatre sarcophages sont encastrés verticalement dans les murs. L’un d’entre eux est occupé par une femme de type elfique à la chevelure noire imposante qui semble dormir. Elle est maintenue aux poignets et aux chevilles par des sangles. Le petit être rote, se gratte, pète, grommelle, rote à nouveau. Djalesh et Shade s’avancent précautionneusement dans la salle quand une douleur aiguë à la cuisse arrête Shade. Ce personnage d’aspect insignifiant s’avère un redoutable adversaire… Le gentil Gazli – c’est ainsi qu’il s’appelle- leur explique de sa voix traînante et grinçante qu’il est retenu prisonnier par l’infâme maître des lieux. Dés lors il garde les personnes placées dans les sarcophages en échange d’un peu de nourriture et de sa vie sauve. S’ils obtiennent un bon de sortie du maître, il les laissera approcher la prisonnière. Faute de quoi, il la garde. Et le bougre remplit sa mission consciencieusement !

Djalesh invoque une succube. La belle prend l’apparence de Shannotsuul. Ils parviennent plutôt facilement à mystifier le gardien. Il faut faire vite avant que ce dernier ne se rende compte de la supercherie. Ils délivrent l’elfe et la transportent jusqu’à la chambre du couple de Gythiankis. Une précision d’importance : il s’agit d’une elfe vampire. Une remarque : la marque sur son avant bras est la même que celle tracée sur l’avant bras d’Armanthe. Deux arguments étayent cette affirmation. Djalesh la trouve à son goût. La mort-vivante est à bout de force. Shade dans sa grande bonté lui offre un peu de son énergie vitale. Cet acte altruiste ne suffit pas. Il faut s’en retourner et trouver une source de vie qui revitalisera leur nouvelle amie,… compagne, associée ?

Un démon ou ce qui lui ressemble est emmailloté dans une toile d’araignée d’où prospèrent du lichen et des champignons. Cela ne va pas. Plus loin, un golem de cristal attend, prêt à l’emploi, du moins si l’on en juge par l’inscription gravée sur son front « Je construits ce qui doit l’être ». Cela ne vas pas non plus. Plus loin encore, deux Oytughs -ces monstruosités formées par l’accumulation de détritus en tout genre- tentent de les broyer. Décidément, cela ne va toujours pas. En revanche, le druegar plongé dans une cuve remplie d’un liquide opalescent fera l’affaire. Enfin !

Galathée ragaillardie, les voilà d’attaque. Par où commencer ? En faisant en sorte que Galathée se souvienne. Car elle ne les reconnaît pas et ne se souvient pas de son passé. Dés lors, comment procéder ? Eh bien, tentons une disruption temporelle. Shade saisit les mains de Galathée -non sans craindre une nouvelle ponction de sa vitalité- et se concentre longuement. Des images se bousculent, des scènes se télescopent, Lejhdas, Hadès, ces personnages ont-ils jamais existés ? Des lignes filent dans l’espace, une infinité de possibilités disparaissent dans la nuit. Comment choisir ? Elle en choisit une au hasard.

Une brume se forme dans un coin de la chambre, épaisse et chaotique d’où émerge un personnage à l’allure guère commode. Il tient une hache démesurée dans ses mains. Ses yeux furibonds balaient la salle. Où suis-je crie t-il furieux tout en apercevant Djalesh -lequel oh stupeur n’a pas pour l’instant bougé-. Shade, non Hadès, à moins que cela ne soit Shade, non finalement Hadès, s’étonne elle aussi. L’immobilité de Djalesh ne dure pas. Voyant que l’inconnu prononce des paroles face à lui, il lui assène deux violents coups d’épée. Par deux fois il brasse l’air.

Quand une voix féminine tonne derrière lui : « Lejhdas, non! ». Le bras levé, la hache prête à fendre Djalesh, l’inconnu interrompt son mouvement. Celui-ci connaît cette voix. Il n’y a bien qu’elle qui puisse l’empêcher d’agir dans le feu de l’action. Djalesh évalue la situation. Ces trois là semblent se connaître. Non. Shade rejette Hadès. C’est au tour de Lejhdas de devenir dans cette scène saugrenue l’intrus. Que cette histoire s’annonce emberlificotée. Shade ne maîtrise pas son pouvoir. Imaginons que ce don se déclenche par inadvertance. Qu’adviendrait-il ? Y aurait t-il un risque pour qu’elle attire un démon faillé ou un être du chaos ou de la loi ?

Le groupe nouvellement constitué décide de rencontrer Armanthe. Une chance, la Reine est toujours là. Le châle a abandonné sa posture offensive. Une preuve que « cet objet animé » n’avait pas réagit suite à l’arrivée de Galathée. D’ailleurs, dans le même registre, si Iaarnud s’est tu lui aussi ce n’est pas non plus du fait de la présence de Galathée. Shade a simplement épuisé son volet de questions. Il n’a pas fui car une soi-disant Entité aurait fait irruption dans les parages.

Les doigts d’Armanthe ne courent plus sur le clavier de cristal. La musique a cessé. Avant que la situation ne dégénère, Shade tente son va-tout. Par chance elle est parvenue à rejeter Lehjdas dans les limbes du passé, manquant de peu d’éjecter en même temps Djalesh. Au moins une chose s’est clarifiée. Galathée a identifié Djalesh comme étant une facette de Lejhdas. Malheureusement elle ne se souvient toujours pas de son passé. En attendant, il ne reste plus qu’à vaincre Shannotsuul.

MF-Level 16-15/4