Le combat contre la pseudo-machine a fait pschitt. Affligeant. Une pièce en trois acte. 1er acte. Shade brandit son épée dématérialisée et sectionne le bras droit du colosse décérébré. 2ème acte. Djalesh, encouragé par sa sœur, l’imite et sectionne l’autre bras. Enfin, 3ème acte. Le redoutable fini haché en tranches. Comme quoi, à trop vouloir attendre quelque chose, on fini souvent déçu.
Heureusement, il y a un autre adversaire qui s’annonce autrement plus redoutable. Il les narguerait presque ! Regardez-le se volatiliser sitôt découvert. Après plusieurs piques suivies de retraites, la monstruosité se réfugie au fond du lac dans un sarcophage de bave solidifiée.
Qu’à cela ne tienne ! Shade invoque Dalamok se rappelant ce qu’il lui avait susurré lors de leur mariage. Aucunes barrières dans ce monde ne saurait les séparer. Tu peux trembler dans ton trou, maudite aboleth. La cavalerie arrive. Djalesh et Dalamok plongent dans la lave en fusion et nagent jusqu’à leur ennemi. Le mystérieux sarcophage se brise sous les coups de queue d’un dragon passablement énervé de plus de vingt mètres de long. La chose s’extirpe de sa boite mais elle ne résiste pas longtemps face à deux tueurs assoiffés de sang.
Shade profite de l’aubaine. Humhhhh, ne pourrait il pas redresser la tour ? Dalamok préférerait –si sa dulcinée n’y voit pas d’inconvénients- qu’elle s’arrange avec le « dragon local ». Il ne voudrait pas le froisser et cela serait malvenu de sa part d’interférer dans les affaires d’un confrère. Tant pis, bien essayé quand même.
Il reste à éclaircir les dernières zones d’ombres avec la démone undead et leur sœur sera libérée. La situation se complique car Chrisalée s’est ravisée. Consciente qu’ils ont besoin d’elle, elle en demande davantage, d’autant qu’elle risque sa vie en remaniant le Pacte. Djalesh ne peut-il s’entretenir avec son épouse si bien informée ? Lui glisser quelques mots à son sujet ? Chrisalée rêve. Elle s’imagine déjà gouvernant un royaume de démons, ses armées se déversant dans les contrées avoisinantes. Tout d’abord reine de CraGrapid, puis impératrice d’I’Polia. Oui, Djalesh doit intercéder en sa faveur auprès de sa compagne.
Il suffisait de demander. Voici Maïale ravie de rendre service à son petit préféré. « Bien sûr qu’elle aide l’amie très / trop proche de son amour… oh… bien sûr »… sa langue fourchue interminable se tortille dans sa bouche garnies de dents pointues, se délectant à l’avance de ce présent que lui offre son affectueux et très cher attentionné. Se tournant vers Chrisalée « Irons-nous tous les deux à la grotte en discuter maintenant? Le problème n’en fut pas… tout va s’arrangera ». Dans la nuit, Shade a ressenti une ombre survoler le domaine de Laurodon, autant fugace que discrète, pour s’évanouir dans les ténèbres. Le lendemain, Maïale revient seule, l’air enjoué, presque guillerette. Elle tient dans ses doigts crochus un lambeau d’un manteau couleur gris-souris, dernier reliquat d’une femme qui s’imaginait reine. Il est manifeste que la démone undead a endossé un manteau trop large pour elle…
Chrisalée éliminée, le Pacte s’avère caduc, voire sans objet. Ils pressentent immédiatement que leur sœur Silune est libre. D’ailleurs ce Pacte a t-il jamais été rédigé ? Il faudra vérifier cette hypothèse.
Shade et Djalesh négocient avec Flame, le dragon rouge et lui assurent que le redressement de la tour ne bouleversera pas le domaine. Ils ne seront pas non plus affectés. Ils se gardent de lui révéler précisément la teneur du commune :
Le redressement de la tour n’impactera que les habitants du domaine.
Ils fabriquent une chaîne de métal robuste susceptible de supporter la traction d’une créature pesant plus d’une dizaine de tonnes, puis Flame l’enroule autour de la tour. Le dragon s’arc-boute sur le sol, se cambre puis tire, tire encore. La tour s’ébranle, tangue dangereusement puis se stabilise, verticale. Pendant quelques instants, rien ne se passe. Brutalement, d’intenses vibrations secouent le domaine ponctuées par plusieurs déflagrations. Des éclairs aussi soudains qu’impressionnant zèbrent le ciel, quelques rochers tombent et se fracassent sur le sol. Cette scène ne dure à peine que quelques secondes. Le calme succède au tumulte.
Ils sont seuls. Il n’y a plus personne. La tour se tient immobile, son chapeau conique pointe droit vers le ciel. Ils ont l’occasion de vérifier la cocasserie de la situation. L’antre de Flame a été abandonnée par son propriétaire. Aucun démon dévoreur de l’esprit, ni de dragon rouge pour les recevoir, mais un tas de trésors monumental digne des grands soirs sommeille en attendant que des mains avides s’en emparent.
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