Tout d’abord, il s’agit de convaincre Silune. Après une longue période de privations, leur sœur goûte enfin aux joies de la liberté et déjà sa famille la réclame. Des sacrifices ! Encore des sacrifices. Pffffffff… Non sans réticences, sa grandeur se laisse amadouer.

L’ogresse Uthion et son équipe se préparent à entreprendre une intervention délicate qui n’est pas sans risque pour les blessés. Elle s’est bien gardée de les effrayer… si elle échouait, ils conserveraient des séquelles pour le restant de leurs jours. On n’annihile pas si facilement les effets d’un noyau.

Shade, Silune et Djalesh sont allongés et solidement attachés par des sangles sur un banc de pierre rectangulaire qui fait office de table d’opération. A tour de rôle, ils boivent une potion sirupeuse qui se répand lentement dans leur organisme tel un ver grignotant le sol pour s’enfoncer. Ils perdent peu à peu conscience de leur entourage. Dans un état proche de la torpeur, Djalesh aperçoit du coin de l’œil le déroulé de l’intervention. Uthion dégrafe la robe de Shade, lui enduit le ventre avec une pommade à l’aspect terreux, puis en fait de même pour Silune. L’ogresse saisit une sorte de tuyau transparent flexible doté de deux extrémités pointues et, sans trembler, transperce d’un coup sec la poitrine de Shade. Avec l’autre bout du tuyau, elle réitère cet acte barbare sur Silune. Djalesh a encore le temps d’apercevoir leur tortionnaire brandir un couteau à la lame acérée et découper avec sadisme la cage thoracique de Shade, les soubresauts de Silune, le râle de Shade. Il tente de se relever, de protester, mais il sombre dans l’inconscience.

Une voix mielleuse les tire de leur sommeil. Combien de temps s’est-il écoulé ? L’ogresse est parvenue à extirper ce maudit poison de leurs corps. Seule une fine cicatrice s’éternise dans leurs entrailles. Sans doute la trace laissée par la lanterne. Sans conséquences, à priori. Dans quelques jours, ils seront totalement rétablis et ils pourront partir. Il n’en va pas de même pour leur sœur Silune qui n’a pas repris connaissance. Il faut attendre encore avant d’envisager de la déplacer.

De retour chez eux ! Sans poison pour les hanter ! Shade s’envole chez Dalamok afin de s’exercer avec sa nouvelle épée. Défiance. Quel épithète étrange… et pourtant… ne s’est-elle pas retournée brusquement croyant que quelqu’un la suivait ? Il faudra qu’elle s’efforce de combattre cette impression de paranoïa qui l’accompagne depuis l’acquisition de l’épée. Allons, donc ! Ceux ne sont que des balivernes !

De son côté, Djalesh se prépare à affronter les dangers du royaume des morts. Il renforce ses défenses en broyant la superbe armure forgée à partir d’écailles de dragon rouge. Il s’interroge. Comment sera t-il perçu là-bas ? Se fondra t-il parmi les habitants ? Sera t-il poursuivi ? Honni ? Acclamé comme un roi ? Ses recherches autour de la nécromancie n’ont pas abouties. Maïthérée et Zorn avouent leur incompétence en la matière. Selon ce dernier, au moins deux personnes seraient susceptibles de le renseigner. Yshosnar, la monarque des morts de Nysnmos qui navigue entre Enoos et Thalirie et Ysushsan, dit le « protecteur », qui se trouve à Enoos.

Lentement, Silune recouvre ses forces. Ils la transportent jusqu’à leur demeure de Naos afin qu’elle puisse achever sa convalescence en toute tranquillité. Ailhiance, les succubes et l’ensemble de leur personnel s’occuperont d’elle. N’ont-ils pas arrangés avec amour une chambre à son attention ? Ils espèrent tous que Matisse, la nouvelle reine de Barbarie, réussira à contraindre Nosalie – cette princesse-démone, maîtresse de la tentation – dans sa prison.

Ligeia les accompagnera au royaume des morts. Elle est sans doute moins versatile qu’Ailhiance ou Silune mais elle ne sera pas diminuée là-bas. Dans un premier temps, le comte les conduira jusqu’à Ilairthe, puis, lorsqu’ils auront pris leurs repères, celui-ci cédera sa place à la redoutable guerrière. Le comte regagnera le domaine de Naos et s’impose désormais comme le régent des lieux.

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