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37 – Enfin maîtres des marais

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Un accueil étonnant ! Ailhiance blessé. Des propos contradictoires qui ne les convainquent pas. Il y a tromperie quelque part. En guise d’Ailhiance, il s’agit d’une sorte de golem de chair intelligent, bientôt secondé par plusieurs crapauds aux pas lourds et traînants qui viennent s’entasser à ses côtés. Une forfaiture signée Naa’l, à n’en pas douter. Bien, l’incident est clos. Mais alors, quid de l’original ? Leur frère a été capturé par cet être malfaisant qui leur donne du fil à retordre. Et ils vont exécuter ses ordres sous peine de retrouver Ailhiance découpé en petites rondelles. Une menace que Naa’l met à exécution. Un bras jeté négligemment depuis le balcon supérieur atterrit à leurs pieds. Ils ne céderont pas à cet ignoble chantage, qu’on se le dise !! Il se téléportent à l’étage. La créature de brume est lovée sur le corps démembré et exsangue d’Ailhiance. Un combat s’engage dont l’issue pour le vaincu ne fait pas de doute. A ce jeu, malgré une résistance acharnée, Naa’l est défait. L’amas de brume –ou ce qu’il en reste- se condense et explose dans un déluge cathartique dévastateur qui a manqué de tous les anéantir. Notre ami ne connaît pas la demi-mesure. Est-il mort ? Se reconstitue-t-il quelque part ? Dans tous les cas, l’ersatz de Josiane ne présente plus de danger immédiat.

Xova, la magicienne crapaude, ne convenait pas à Naa’l ; inutile de perdre du temps avec elle. Nalicarne, la succube magicienne avec laquelle ils ont déjà eu maille à partir semble l’être idoine. Reste à la capturer. Une porte s’ouvre. A l’embrasure de l’huis, se tient une démone à moitié dénudée encadrée par deux autres de ses congénères habillées dans des tenues suggestives. La voici. Heureuse coïncidence. Malgré l’insonorisation de la pièce d’où elles sont sorties, la dernière déflagration les a alertée. Il semble qu’un terrain d’entente soit possible. C’est plus facile de discuter avec elle qu’avec Naa’l. Ce fauteuil en rotin blanc l’intrigue. Elle accepte d’aller y jeter un coup d’œil en leur compagnie. En attendant, que diriez-vous d’une partie de jambes en l’air pour sceller notre accord ? Ce n’est pas tout à fait le repos qu’ils envisageaient mais comment résister à cette proposition ?

Djalesh se saisit du sac à patates –dixit l’amorphe et encombrant Ailhiance- et après les protocoles d’usages, ils gagnent les étages supérieurs et rejoignent l’énigmatique Deciloin. Humm… non, cette démone ne la satisfait pas, leur dit-elle d’un air dédaigneux. Si la démone s’assoit sur le fauteuil, elle périra. De plus, Deciloin désire quelqu’un de haute tenue pour l’assister lors des longues soirées à venir. Préférez-lui Najah. Oui, Najah fera l’affaire leur assène t-elle d’un ton péremptoire et définitif. Najah ? Un caprice ? Qui est cette Najah ? Il s’agit de la magicienne qui réside dans le palais du gouverneur Malori. Une undead. Ils ne s’étaient pas quittés en bons termes. Ils l’avaient affrontée naguère dans un temps révolu… car selon leur interlocutrice les habitants de Fant les ont oubliés. De fait, Malori est toujours en place. Maïthérée, Phiona et consorts… ils sont tous présents. Tout est à refaire… mais personne ne les connaît. Du moins le pensent-ils… Cela peut présenter un avantage car, quant à eux, ils se souviennent parfaitement des lieux et de leurs divers opposants. Étrange la manière de fonctionner de ce temps… Seul Ailhiance est connu à Fant. Il sera ravi d’apprendre que ses anciens compagnons Laendelle et Bathsharaé sont toujours présents. Reste à éviter Elise, Azaline et leurs troupes.

Comment s’y rendre rapidement ? Rien n’est moins simple. Il suffit d’emprunter la faille locomotrice qui sillonne Gax actuellement. Tout est arrangé donc. Ils abandonnent Ailhiance au bon soin des treants puis Djalesh et Shade se faufilent dans la faille. Après une erreur de trajectoire malencontreuse –il faut dire qu’ils maîtrisent mal les failles locomotrices- les voici arrivés dans une petite chambre circulaire. Najah est absente mais son lit est occupé par une femme de grande taille… Maïale en personne. Celle-ci, ne les a pas oubliés. Oh que non!!!

♦ « Comme elle fut heureuse de retrouver son petit préféré de mari depuis demain. Elle attendra avec impatience son voyage de noces. Ils convolent ensembles comme de joyeux tourtereaux car de retour tu seras avant qu’elle n’eut cédé sa place à sa sœur adorée ainsi que cela sera comme il en a toujours –comme ce mot résonne étrangement dans sa bouche- été ».

Quel est ce charabia ? Ils n’y comprennent plus rien. La seule chose à comprendre c’est qu’elle ne les lâche pas. Une clé est introduite dans la serrure. Vite, pas le temps de tergiverser. Chacun se positionne. Najah s’engouffre insouciante dans sa chambre. Le plat de Mosaûl s’abat dans son dos. Elle s’effondre sans esquisser le moindre geste. Non content de l’avoir étourdie, Djalesh la asservi. Ce coup formidable n’en finit pas de laisser Shade pantoise. Maïale applaudit des deux mains. Elle n’a pas eu besoin d’intervenir. Elle est ravie.

♦ «Oh que de progrès vous auriez fait ! Comme mon petit préféré avait grandi!».

Le retour au bercail est plus laborieux. La faille a disparu. C’est par saut de puces qu’ils rentrent fatigués mais satisfaits tandis que les derniers mots susurrés par la femme araignée tintent encore à leurs oreilles :

♦ « à demain pour notre grand voyage dans l’au-delà ».

Le reste est une simple formalité. Docile, Najah les suit jusqu’au siège qui lui conférera un savoir immense mais qui s’avérera sa prison pour l’éternité. Elle s’y assoit, rassurée par les encouragements de son maître Djalesh. Le fauteuil en rotin n’est plus vide désormais. Il épouse les formes de sa nouvelle occupante. De grandes flammes s’élèvent des quatre braseros tandis que les fresques s’animent. Une vie longtemps endormie reprend son cours. Les fondations du temple tremblent. Les murs vibrent, le sol ondule, les lustres s’entrechoquent et l’on entend la pulsation d’un cœur trop longtemps plongé dans une stase battre à nouveau. Najah, au visage flétri, rajeunit, ses yeux luisent de mille feux. La maîtresse du temple est revenue. Le chaos énergétique induit par le point chaud s’agence lentement. Peu à peu, la connaissance, puis la maîtrise de l’environnement les inondent. Dès lors, ils sont les maîtres du temple de Nésaé, les maîtres de la cité de Gax. Leurs ombres planent sur les marécages de Noln. Plus personne ne viendra les importuner dans leur domaine.

MF-Level 13/13 – 7