Le discours d’Hadès 4

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Notre Pentacle est clairsemé depuis une éternité. J’en profite pour rendre visite à mes consœurs les ombres en compagnie d’Ulmaaesa, la commandeuse des Ombres. Elle est usante à la longue, sans cesse à chouiner et à geindre mais ses capacités à manœuvrer l’environnement sont bluffantes. J’ai une étrange sensation, tout au long de notre promenade ; quelqu’un nous suit, à pas feutrés, se faufilant, se glissant et disparaissant. Je ne crois pas que ma « guide » s’en soit aperçue… cela me surprend. Elle aurait dû le remarquer… alors comment ce fait-il qu’il n’y ait que moi qui le détecte ? A moins que cela soit un acte volontaire… celui qui m’espionne souhaite que je le vois… Qui cela peut-il être ? Mystère…

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Je pressens une menace… elle m’étreint, une menace annonciatrice d’un danger à venir…

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J’interromps mes investigations, contrainte par ma nature… Le royaume de Lehjdas ainsi que ses habitants me rejettent… J’escomptais obtenir des informations sur mon frère, condamné à prêcher la bonne parole auprès des vivants… qu’advenait-il de ses chers administrés sans leur Maître ? Comment se comportaient-ils sous la régence de son meilleur ennemi Ragmnin. Il faudrait demander à Naosjie, La reine de l’alchimie et des philtres, perspective désagréable que, sauf obligation, je refuse. Ou recourir à l’un des cinq Altharies, ces zones dédiées à l’alchimie. Évidemment, Suniel aurait été d’un grand secours pour cela mais Suniel se morfond dans sa prison. Nahliacie j’imagine n’est pas affectée par les vicissitudes de ce Royaume. Mais elle est pour l’instant hors d’atteinte, en proie à des questionnements incompréhensibles pour des êtres non féeriques.

Je me décidais à rentrer bredouille, incapable d’affronter la rudesse d’un environnement définitivement hostile pour moi, quand la belle et discrète Pallathaé a surgi de la lisière du royaume des morts. Une « aventurière » solitaire au fort potentiel. Peu loquace hormis lorsqu’elle évoquait Lehjdas, nous avons ensemble franchi de nombreux obstacles et appris à nous connaître. Comme c’est curieux… Il ne m’avait jamais parlé d’elle.

Puis, les événements se sont précipités… J’ai déclenché une tempête d’une intensité formidable, à vrai dire dont je me croyais incapable, qui a balayé l’ordinaire et relégué nos précédentes péripéties, au regard de l’énormité de l’incident, dans les tréfonds de l’oubli. J’ai tenté de reprendre le fil du temps sans grand succès. A vrai dire je ne sais pas laquelle d’entre-nous est intervenue dans cette histoire. Les conclusions sont en revanche limpides.

Nous avons libérées Lehjdas d’une servitude qui avait trop longtemps durée. L’être fantomatique qui se tenait face à nous titubait. Ses jambes le maintenaient à peine et sans cette canne sur laquelle il s’appuyait de tout son poids, il se serait effondré à nos pieds. Il bredouillait des propos confus. Nous reconnaissait-il au moins ? Je n’en suis pas certaine. Il faudra beaucoup de temps pour qu’il retrouve un semblant d’humanité et un temps plus long encore pour regagner sa grandeur passée.

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Je me souviens que …

Pallathaé l’empoigne fermement… nous fuyons cet endroit infernal et obscène. Les corridors se succèdent. Nous sommes écrasés par les salles aux dimensions cyclopéennes… des lumières aux accents incandescents nous aveuglent… Nos pas résonnent couverts par la chorale sémillante des vivants. Ils entonnent une sérénade… nous saisissons à peine leurs paroles, trop occupés à nous évader. Et c’est alors…

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Nous avons tuées Éla dans son domaine… j’entends un rire… il nous accompagne alors que nous courons… tandis qu’une oraison funèbre …

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… nous avons basculés, engloutis par la vague… annonciatrice d’un cataclysme… et le rire toujours…

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Je me réveille en nage. Je suis entourée de mes amies les ombres, quelque part chez moi. Ai-je rêvée ??? Je tente de me remémorer le déroulement de la scène mais je brasse des possibilités sans certitudes. Je suis rapidement submergée par un flux ininterrompu d’images et de sons qui m’ensevelissent. Je suis perdue. Constat d’échec.

Où sont mes sœurs et frères ? Suniel n’est plus. Il a été occis par Amamalé. Enfin une conviction, quoique je m’en serai passée. Évidemment, nous n’étions plus là pour maintenir la pression et le perfide en a profité. Cela commence bien.

Je n’essaie pas de pister Nahliacie, sa nature de fée m’en empêche. Passé, présent et futur glissent sur son être. Il faut procéder autrement avec elle… l’attirer. Cela prend toujours du temps mais nous avons l’habitude… un jeu de pistes qui amuse Nahliacie et qui nous lasse. En principe, nous envoyons Idaûle car ses talents de pisteurs déjouent les embûches laissées ça et là par notre sœur. Il faut avouer que sa rudesse et son manque d’ironie ont raisons des pirouettes et inepties de Nahliacie. Mais Idaûle actuellement…

Voyons, Idaûle, où est-il ? Ohhh je vois qu’il a cessé son itinérance et qu’enfin il s’est assagit. J’irai le rejoindre plus tard dans l‘arène des géants. Un lieu qui ne m’enchante guère. Le brouhaha des combats, les paris, les gros bras avinés sans cervelles qui chantent leurs blagues salaces, les regards intrusifs et appuyés… non, décidément, ce lieu ne m’attire pas.

Enfin, Lehjdas, qu’est-il advenu ? Aux dernières nouvelles, le commandeur des morts était prostré, recroquevillé sur lui-même et souffrant de mille affres. Je l’entrevois… Ah, bien, il paraît reposé et en meilleure santé. Je devine à ses côtés un visage, tout d’abord flou mais dont les contours se matérialisent progressivement… Serait-ce celui de ma complice d’aventures avec laquelle nous avons partagé de nombreuses épreuves… Peut-être, peut-être, mais cela manque de netteté tout cela… Je rencontre deux problèmes majeurs, me semble-t-il. Je suis incapable de déterminer le lieu où la scène se déroule et, ce qui me paraît plus fâcheux encore, cette vision, ma propre vision, ne me permet pas de définir à quel moment cela se produit. Déroutant. Pourtant je m’y prends normalement.

Bien, bien, je vais retrouver DeciLoin dans ce cas… ah mince, je ne l’ai plus revue depuis notre folle cavalcade… enfin, je crois… les temps s’entrecroisent, s’imbriquent puis divergent de plus en plus… il s’agit d’une preuve de l’accélération du temps comme l’avait noté Suniel, … si je reprends cette histoire à ses débuts, mon frère avait dérobé la Lanterne afin de le ralentir. Je devine d’autres motivations plus mesquines sans intérêts.

J’irai à Palanthi voir si à tout hasard DeciLoin est présent. A moins qu’il ne soit jamais parti et qu’il avance une de ses dérobades dont il a le secret. Nous essaierons d’esquisser ensemble les probabilités et de dresser un canevas des possibles.

Mais d’abord, un peu de distraction locale. Qui puis-je retrouver ici ?

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??? Il y a une brèche anormale ici qui m’aspire… Que ?