81 – Arrivée à Ilairthe

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Ils empruntent l’élévateur de la tour Sud et posent les pieds sur la surface cotonneuse d’Ilairthe. Le rêve de Shade se matérialise et -malheureusement – se vérifie. Entre les lumières des réverbères que des personnages s’échinent à maintenir allumés et les boules lumineuses qui virevoltent à leur coté, les raies de lumières qui strient l’air et éclatent en une myriade de bandelettes colorées ou les maisons bâties à partir d’une roche laiteuse, il n’y a guère de place pour se dissimuler dans l’ombre. Même la nuit a déserté la ville. Le cauchemar se concrétise.

Zathôr reçoit aujourd’hui. Il s’agit d’aller droit au but. Ils se dirigent vers le fortin érigé devant le Palais royal. Ils sont reçus par une armure lourde flottante, mue par on ne sait quel souffle de vie. Sans doute un de ces gardes dans le royaume des morts connus sous le nom de Lordoom. Sa voix monocorde d’outre tombe brise le silence et les invite à le suivre. Ils montent à l’étage. Un autre de ses semblables prend le relais et les guide jusqu’à une porte renforcée savamment décorée. Sur le pont cintré que Shade avait empruntée dans sa vision, un géant des nuages -qu’on appelle Pilier ici- les y attendait. Ce pont surplombe une profonde crevasse et relie le fortin au Palais de Zathôr. Seule la partie basse du Palais émerge de la brume. Le corps supérieur de la bâtisse disparaît dans une nébulosité diffuse que l’on devine non naturelle. Ils ressentent plus que jamais cette impression d’incomplétude qui avait marquée leur sœur dans son errance onirique. Cette ville est inachevée.

Ils sont accueillis par June, un monadic Deva au caractère énergétique. Leur hôte les enjoint de se dévêtir et de purifier – si ce n’est leur âme – au moins leur corps des impuretés de l’extérieur dans l’eau régénératrice du bassin. Vite, il ne faut pas laisser le Roi attendre !

Assis sur un trône de pierre perché à quelques mètres du haut d’une colonne, un vieillard alerte à la chevelure léonine et à la barbe fournie qui dévore son visage, trépigne d’impatience. Ses doigts gantés martèlent les bras du trône et les veines saillantes de son cou palpitent au gré de son agacement. La vigueur de ce personnage malgré le poids des ans les étonne. Ils s’efforcent de ne pas oublier les recommandations du comte. Il faut composer avec le Roi en dépit de son caractère irascible et insupportable. Le Roi est incontournable pour leur avenir. Qu’on se le dise…

Au bas de la colonne, un homme et une femme qui se ressemblent étonnamment -deux anges vraisemblablement- les observent avec attention. Le visage marmoréen du premier contraste avec celui de la femme en proie à une vive agitation.

Par chance, le Comte von Stradt s’était déjà présenté et avait annoncé, si ce n’ait préparé, cette entrevue. Il faut dire qu’il s’y entend pour flatter son interlocuteur. Shade et Djalesh le relaient. Ils déroulent leur argumentation, interrompus régulièrement par Linthia, l’astral Deva. Le roi accepte leur proposition malgré l’ange qui s’offusque. Mais, rien n’y fait. Le Roi, face à la menace grandissante qui pèse sur la ville et l’incurie de ses troupes, ose. C’est par ses capacités d’adaptations et de décisions que l’on mesure la grandeur d’un dirigeant. En dépit de la protestation de ses sujets, le Roi tente l’innovation. Ils mèneront l’enquête à ses conditions. Ils auront une relative liberté d’agir mais ils seront flanqués des deux hermesophons de la ville, Shale et Hapaucq et devront rendre des compte à June. Rappelons que les hermesophons opèrent toujours par paire et sont ces pisteurs / tueurs renommés du royaume des morts. Ils ont intérêt à réussir.

Olanthe, le frère de Linthia les conduit jusqu’à la salle de réception du Palais et les invite à patienter. Contrairement à sa sœur, il est resté impassible tout le long de l’entrevue. Il ne s’est jamais départi de son calme et leur a même souri, ce qui s’apparente à une provocation pour des êtres tels qu’eux.

Les deux hermesophons sont arrivés. Tout le monde s’accorde pour unir ses forces. Ils leur donnent un plan de la ville. C’est l’occasion pour Shade et Djalesh de se familiariser avec la topographie des lieux et de découvrir les bâtiments et lieux remarquables d’Ilairthe. Le Comte a fini de remplir son rôle. Leur frère Ailhiance viendra le remplacer. Ses capacités d’investigations devraient êtres utiles, si on le laisse agir à sa guise. Excellente idée.

Alihäe, l’unique représentante du culte de la nature, Reizhom, sur Ilairthe, ne leur inspire pas confiance. Pourtant, ils n’ont jamais rencontrés la sylph. Intuition, réaction atavique ? Cela n’est pas clair, mais ils demandent aux gardes de la ville de renforcer la surveillance de la prêtresse.

Reprenons les faits
Depuis six mois environ, une soixantaine d’Asthénos ont été découverts, étranglés en plein coeur d’Ilairthe. Invariablement, le même mode opératoire semble avoir été utilisé. On a retrouvé au niveau de leur cou la marque d’une main de grande taille, bien supérieure à une main humaine, munie de griffes abîmées. Après inspection, il apparaît que cette main diffère d’un cadavre à un autre. Comble de l’étonnement pour Djalesh, une odeur de décomposition à peine perceptible se dégage de l’empreinte. L’oeuvre d’un undead inconnu… cela ne fait pas de doute… c’est-à-dire de plusieurs undead. Des défenseurs – ces chiens redoutables endémiques aux nuages – sillonnent les alentours, des géants des nuages arpentent les rues de la ville, des devas investiguent et personne ne parvient à résoudre cette énigme. Comment expliquer ce phénomène ??? Qui peut accomplir de tels actes ?

Ils établissent leur quartier général dans une auberge d’aspect quelconque -d’ailleurs elles le sont toutes- située dans la partie Est de la ville. Chacun aura sa chambre. Enfin seul, délivré du regard intrusif de son frère ou de sa sœur !

Ils s’enquièrent chacun de leur côté. Les bottes de Djalesh ont parlées ! Il faudrait peut-être approfondir notre connaissance sur les Asthénos. Le comte va s’en charger depuis la baronie de Naos. Ah, ils progressent. Pas assez vite selon Shade. Une de ses « facettes d’ombre » ne lui a t-elle pas expliquée qu’il fallait « bouger les lignes ». Ah, c’est comme ça, eh bien on va les bouger alors…

Elle s’empare de la Maisonnée du temps. Commençons par essayer de faire coïncider ces deux lignes, celle de l’emplacement du dernier Asthénos assassiné avec celle du moment de son assassinat… voyons… elle s’avance dans le brouillard, soulève le voile… Mais ?! Quelqu’un vient de l’éjecter ! Bon, qu’à cela ne tienne. Tentons autre chose. La Loi… qui se cache derrière tout ça…

Djalesh perçoit un bruit de succion désagréable derrière lui. Il sursaute et se retourne précipitamment. La veuve. La veuve assise sur le rebord de son lit. Elle se dépêtre avec un lombric qui se débat dans sa bouche. Dégoûtant.

« Alors ? Que se passera t-il hier à côté ? »
« Maïale ? Pourquoi êtes-vous là ? »
« Oh, mais c’est que mon petit préféré m’appelâte »
« Moi ? Non, je ne vous ai pas appelée »
« Non ? Non ? Mais à côté, si ». Elle pointe négligeamment son doigt répugnant vers le mur de la chambre de Shade.
Il se lève et se rue dans le couloir de l’auberge. La porte de la chambre de Shade a disparu. Du moins, seule subsiste une fine fente sur le côté et il aperçoit un de ses orteils dépasser à travers la porte.
Il se tourne vers Maïale qui l’a suivie. « Qu’est ce qui se passe ? »
« Hum ??? Y avait-il des solutions au problème posé ? »

Il glisse ses doigts à travers la fente et tire de toutes ses forces. La porte résiste, s’entrouve légèrement sous la pression exercée. Il s’arc-boute et tire violemment. Il y a quelque chose derrière lui. Ce n’est pas Maïale. Une masse d’ombre qui vient de s’agglomérer et qui est prête à fondre. Surtout, ne pas se retourner… La porte vole en éclat. Une lumière intense l’aveugle et …

Quelque chose le percute violemment… lui et la chose dégringolent les escaliers de l’auberge. Alors qu’il reprend ses esprits, il aperçoit une jeune femme aux longs cheveux verts qui l’aide à se relever. La chose. Elle prétend s’appeler Analinaxaïnea. Shade gît inconsciente à ses côtés. Une visite au temple d’Amélis – cela tombe bien, Amélis est spécialisé dans la guérison- s’impose. La jeune femme lui a dit qu’elle les retrouverait le lendemain…