Les contraintes du temps

Des fluctuations incontrôlables s’exercent sur le temps. Les jours et les nuits se succèdent sans aucune régularité, quelquefois plus longs, d’autres fois plus courts, le calme succédant aux orages violents. Une période de calme induit des journées interminables. Une tempête provoque l’accélération des jours et des nuits à un rythme effréné. Chaque monde essuie les assauts du temps de façon inégale, mais aucun n’est épargné. Encore qu’il y a bien la gangue qui se meut dans un espace-temps distinct, loin de l’agitation des autres mondes.

Toutes les tentatives pour mettre en place des chronologies élargies ont avortées. Hormis peut-être celle du royaume de Nysnmos lequel définit son calendrier selon une typologie de rites funéraires complexes, difficilement transposables en d’autres lieux. Les lois du royaume des morts diffèrent de celles des vivants. Dans ces conditions, des calendriers locaux fleurissent sans connexion entre eux. Il n’est pas difficile d’imaginer la confusion que cela génère…

Almagamo, la cité centrale d’Enoos, disposerait depuis peu -cela reste à démontrer- de sa propre chronologie. Si ce phénomène est avéré, ce serait la preuve que des événements extraordinaires se produisent sur les Mondes faillés. On connaît l’importance de cette ville qui a toujours été considérée comme le cœur des Mondes faillés.

Pour des raisons inexpliquées –qui relèvent du hasard et d’autres facteurs inconnus- les soubresauts temporels affectent différemment chaque être vivant. Certains vieillissent tandis que d’autres rajeunissent. De rares individus sont miraculeusement épargnés. Des marchands du temps tentent de tirer partie de ces aléas. Selon leurs dires, ils connaîtraient -à la suite de savants calculs qu’eux seuls maîtriseraient- les moyens pour ne pas être frappé par le courroux du temps. Certes, ils profitent de la crédulité de leurs concitoyens. Ceux ne sont que d’horribles charlatans; il n’y a rien à attendre de leurs traitements miracles… encore que… des disciples de Nacre-de-Lune, y parviennent parfois alors pourquoi pas eux ?

Les habitants des Mondes faillés ont appris à vivre avec ce fléau qui touche toutes et tous, indifféremment des races, des appartenances sociales ou des alignements. Ils offrent des libations à leurs dieux, aux failles, à d’obscurs cultes,… ils expient leurs fautes, ils s’accrochent à leur bonne étoile et espèrent, qu’une fois encore, elle les protégera. Même les dieux seraient atteints par ce mal. Les membres de l’Ordre, de l’Organisation et les Chronophages sont épargnés. Le temps n’a pas de prises sur ce type d’êtres.