Les énergies

Les Mondes faillés sont traversés par des courants énergétiques puissants qui traduisent l’état de santé de ces mondes. Les membres de l’Ordre cherchent à accroître la fréquence et la violence de ces courants, à infléchir leur orientation, voire à les provoquer. En quelque sorte, ils instrumentalisent le chaos. Au contraire, les membres de l’Organisations visent l’effet inverse. Ils tentent de limiter le développement des courants énergétiques, de restreindre leur nombre en empêchant leur formation. S’ils ne peuvent y remédier, ils s’efforceront de canaliser l’énergie libérée. Au-delà de l’énergie élémentaire, on observe deux courants énergétiques majeurs:

I) Un courant erratique qui se décline en deux mouvements opposés:

  • Soit il prend la forme de vortex de plus ou moins grande importance, aspirant tout ce qui se trouve à l’intérieur, déplaçant hommes et choses massivement en d’autres lieux et (ou) époques. Parfois, sans que rien ne puisse l’expliquer, ces manifestations redoublent de violence provoquant un chaos absolu dans les zones traversées. D’immenses colonnes d’airs emportent tout sur leur passage, dévastant la végétation, pulvérisant les formations rocheuses et éparpillant les ouvrages d’origines humaines tels de simples fétus de pailles. Ces vortex naissent spontanément. Des personnes expérimentées sont capables d’en déceler les signes avant-coureurs. Ils se développent aux abords des périphéries des mondes, non loin des zones charnières ou des régions soumises à de fortes perturbations. Ce phénomène semble épargner Almagamo… du moins dans ses parties centrales. On ne connaît pas de créature susceptible de les contrôler hormis peut-être les démons des failles.
  • Soit il se manifeste sous la forme de courants léthargiques. Bel oxymore pour évoquer cette énergie qui fige l’espace et le temps. Il ne faut pas s’y méprendre. Leur nature est tout aussi dangereuse que celle des vortex. La vie se meut alors selon un mode orchestré, planifié, à un rythme lent et langoureux. Une « main invisible » procède à des retouches savamment dosées et opère par à-coups contrôlés. Le hasard n’existe plus. Le chaos est éliminé. Les bizarreries, les extravagances, les éléments perturbants ou jugés comme tels sont éradiqués dans un ralenti doucereux mais efficace.

II) Un courant localisé, on parle de nœuds ou points chauds:

  • L’énergie se concentre sur des espaces restreints, d’une centaine de m2 à quelques km2. Les tensions accumulées trop longtemps retenues se libèrent dans une rare violence. Les membres de l’Ordre et de l’Organisation sont capables de reconnaître ces zones, de les ressentir et de les exploiter dans un sens ou un autre. Ils les recherchent activement. Certains nœuds se déplacent de proche en proche, dans l’espace et le temps, d’autres demeurent fixes, augmentant peu à peu en puissance jusqu’à leur explosion… à moins que l’Ordre ou l’Organisation n’en profitent. Plus la surface des points chauds est importante, plus l’énergie libérée sera forte, plus grande sera la difficulté à se les approprier. Les populations locales installées sur un point chaud en ressentent -le plus souvent subissent- les effets s’en pour autant en comprendre ni la nature, ni l’origine. Les conséquences d’une exposition prolongée pour les individus sont considérables, bien que l’on ne puisse en mesurer les impacts précis. D’autant qu’il faudrait distinguer les nœuds dérivant des nœuds statiques. Une chose est sûre: Enoos, la grande Enoos, repose et a toujours reposé sur un point chaud, le plus grand point chaud des Mondes faillés.