Que sait-on des failles ?

En apparence, rien ne distingue une faille d’une autre faille. Pour les membres de l’Ordre, au contraire, tout les différencie. A l’instar d’un être vivant, chaque faille est unique et charrie son lot de surprises et de spécificités. Les failles forment tout à la fois l’ossature et les points de suture des Mondes faillés. Chaque faille progresse au sein d’un réseau inextricable de failles sœurs, de brisures, de crevasses et de décrochements que nul dans l’histoire des mondes connus n’est en mesure d’embrasser dans son intégralité.

La nature d’une faille n’augure pas de son aspect. Les failles et les forces élémentaires inhérentes aux Mondes Faillés sont liées entre elles. Jusqu’à quel point s’opère cette interdépendance, on ne le sait pas. La dimension esthétique d’une faille dépend de l’observateur. L’instant vécu par celle ou celui qui se meut en son sein ne saurait être partagé ou transmis à d’autres. Les membres de l’Ordre établissent une relation forte, quasi charnelle, avec les failles. L’air pulse, des sons composés de murmures et de chuchotements bourdonnent  aux oreilles de celui ou celle qui l’emprunte, les voix se répondent en chœur. Ce babil ininterrompu en devient assourdissant pour le néophyte ou celui qui ne sait entendre. A contrario, l’utilisateur expérimenté apprécie et partage en quasi-sympathie cette débauche d’énergie, il chavire de bonheur au point parfois de s’oublier. Des remous d’une rare violence exercent des forces sur les parois comparables à une respiration produite par une créature titanesque. Les craquements interpellent, provoquent ravissements ou inquiétudes, allégresses ou angoisses.

Chaque faille se raccroche à l’une des quatre composantes élémentaires primordiales lesquelles déterminent la nature des failles. Dans les faits, on observe souvent des imbrications entre les énergies induisant des effets couplés. Les membres de l’Ordre d’A’nHexa et de l’Organisation d’An’Entropia sont capables d’utiliser ces différentes énergies. Selon leur puissance, ils ressentent, si ce n’est comprennent, la nature des failles et recourent à leurs pouvoirs pour se déplacer, se ressourcer, enchanter ou prédire. Les créatures élémentaires emploient l’énergie des failles associée à leur élément.

Le cas particulier de la gangue: ce liant inter-monde est dépourvu de failles énergétiques. Les Failles chronotypes, uniques en leur genre, les remplacent. Ces failles permettent d’effectuer des sauts temporels sur de brève période, de se transporter depuis la gangue vers les autres mondes et, de façon plus générale, de réaliser les diverses opérations des failles énergétiques. Les membres de l’Ordre et de l’Organisation éprouvent de grandes difficultés à utiliser les Failles chronotypes. Ils préfèrent faire appel aux chronophages, ces sortes de créatures immatérielles aux desseins obscurs, pour tirer partie de ce type de failles. Les chronophages, contrairement aux créatures élémentaires, sont confinés dans la gangue.

Les membres d’A’nHexa et d’An’Entropia n’entretiennent pas les mêmes rapports avec les failles. Autant les premiers cisaillent les failles, provoquent le morcellement des territoires, du temps et des êtres afin d’isoler, autant les seconds rapprochent les failles, les réunissent, entraînant une fusion des parcelles esseulées et la formation de séquence cohérente. Les premiers éclatent le temps tandis que les seconds induisent une linéarité temporelle. Deux mouvements antagoniques et contradictoires qui obèrent toute tentative de convergence. Les uns rompent et détruisent quand les autres assemblent et fédèrent.