Ce livre dense et lourd, de consistance souple sinon molle, se transforme au gré de ses utilisations comme si son contenu impactait son aspect extérieur. Il émet un son faible mais continu, une sorte de cri monocorde, dés que quelqu’un s’en approche. Sur sa reliure quasi-gélatineuse, des inscriptions en relief autant sibyllines que flottantes, virevoltent au point d’aveugler celui qui ose le regarder.
Ce dont ce livre ne traite pas
Il ne se rapporte pas aux agrégats, ces parties qui se sont détachées de la Gangue originelle pour donner naissance aux Maîtres-démons, puis aux Princes-démons. Concernant les fatras d’énergies ou les anomalies énergétiques, tels les noyaux et les points chauds pour les plus connus, l’auteur conseille de lire le « Livre des Noyaux ». Quant à ces sceaux de pouvoirs élaborés après la genèse du Monde Lié, les atavofigures, l’auteur de l’ouvrage renvoie à la lecture du « Livre des savoirs interdits (ou Livre des atavofigures) ». Il ne traite pas non plus des forces de Némésis – organisation cléricale et militaire qui dicte aux hommes ses préceptes – quand un Pentacle de nature loyale régente ledit monde, ou de ses contraires, les forces de Niatorou quand le Pentacle incline vers le chaos. Bien que la Trinité soit entrelacée avec les Caryatides ou les Lames, sa spécificité et son poids dans le jeu des grandes puissances nécessitent l’écriture d’un ouvrage distinct du même nom. Enfin, le « Manuel des aberrations » s’intéresse aux Êtres du chaos et de la loi et leurs différentes déclinaisons ainsi qu’aux Démons des failles et autres abominations. Cependant, bien qu’elles infléchissent les trajectoires des habitants, ces aberrations ne représentent pas des forces conscientes et organisées en tant que telles.
Contenu
Cet ouvrage décrit quatre forces : Les Dragôns, Les Éléments, Les Entités, et les Caryatides ou Lames. On entend ici par forces, des puissances pesant sur l’organisation et la conduite des mondes à travers les âges. Il montre en quoi langages et forces intra et inter-mondes sont étroitement imbriqués. Concernant les langages, il renvoie au « Traité des Dialectes ». Sa lecture est, sinon conseillée, bienvenue. Ce texte dépeint ces quatre forces souvent méconnues et négligées à tort. Il apporte un éclairage sur leurs modes de fonctionnement(s) et d’intervention(s) et analyse les rapports hybrides entre elles.
Synthèse
Comment ces forces sont-elles perçues ?
– Les Dragôns sont assimilés aux Noyauteurs ;
– Les Éléments s’apparentent à des Bâtisseurs ;
– Les Entités sont considérées paradoxalement comme Les Protectrices ;
– Les Caryatides ou Lames suggèrent allégoriquement l’essence des êtres.Qu’ambitionnent-elles ?
– Les Dragôns cristallisent, influencent, échafaudent et élaborent ;
– Les Éléments créent, agencent, organisent et édifient ;
– Les Entités sondent, réagissent, chassent et détruisent ;
– Les Caryatides ou Lames accompagnent, protègent, fracturent et recomposent.Quels modes opératoires ?
– Les Dragôns ont recours aux modulations de la voix ;
– Les Éléments emploient les différentes formes de l’énergie ;
– Les Entités tissent et utilisent les failles normales et chronotypes ;
– Les Caryatides ou Lames empruntent les voies oniriques et provoquent des décrochages et ruptures.
Les Dragôns*
On suppose que les Dragôns sont nés en même temps que les Princes-démons, bien que l’on ne connaisse pas le moment précis de leur entrée en scène. Contrairement à ces derniers qui furent conçus par les Maîtres-démons pour combattre à leurs places, les Dragôns émergèrent par accident à la suite des échanges secrets entre les Maîtres-démons. Cela explique leur relative indépendance et notre méconnaissance à leur sujet. Plutôt solitaires, pétris d’égoïsme et de suffisance, cela ne les a pas empêchés de fonder la cité spectaculaire d’Aliénor alors que les Princes-démons s’affrontaient dans un combat autant meurtrier que fratricide.
Par leur connaissance exceptionnelle des langages et leurs aptitudes à communiquer entre eux et avec les autres -on prétend qu’ils s’immiscent aisément dans la pensée d’autrui- les Dragôns occupent une place singulière dans le jeu entre les grandes puissances. Ils se sont imposés comme des acteurs majeurs lorsqu’ils ont obtenu le privilège d’être associés aux cinq pentacles majeurs. Dés lors, il fallait compter avec eux.
Ils maîtrisent les déplacements tant physique que temporel. Ils ont recours aux modulations de la voix, à son intonation et à son timbre, c’est-à-dire à un ensemble de variation, de hauteur et d’intensité prise par la voix, qui caractérisent la courbe mélodique des phrases. Cela leur permet de naviguer quand et là où ils le désirent. Ils connaissent les variantes subtiles des moindres dialectes au sein de chaque idiome au point d’en discerner les forces et les faiblesses et d’en tirer avantage.
Il s’agit d’acteurs au long cours, qui s’enveloppent dans d’obscurs secrets, qui usent d’artifices alambiqués, peu enclins à agir frontalement ou à se dévoiler. Tellement discrets que l’on peine à discerner leur motivation profonde. On suppute qu’ils œuvrent à bâtir un univers dont ils seraient les souverains, en s’alliant avec les Éléments et sans contrarier les Entités -un exercice d’équilibriste périlleux-. Un schéma dans lequel les Maîtres-démons et les Princes-démons en seraient écartés voire exclus, à moins d’en être réduits à de simples subalternes.
Les relations
• Les Entités les regardent avec indifférence et s’en désintéressent. Elles considèrent qu’ils ne présentent pas de dangers pour leurs géniteurs. Quelques soient leurs aspirations de grandeur et leurs velléités à gouverner, ils n’entravent ni la Gangue, ni Dédale…. Alors, pourquoi s’en préoccuper ?
• Les Éléments les apprécient, sans doute parce qu’ils consomment et recyclent pour leur usage personnel des pans entiers d’énergie et de matériaux. Il n’est pas impossible d’imaginer une forme d’association symbiotique entre les deux parties.
• Que dire des rapports entre les Dragôns et les Lames ? Complexes, difficiles, souvent inamicaux mais parfois associés, une combinaison d’esquives, d’intrigues, de complots, d’érections et de déconstructions. Ils leurs arrivent de s’affronter mais les deux parties s’évitent le plus souvent.
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* Pour une étude spécifique des Dragôns et de leur citadelle Aliénor, l’auteur conseille de se reporter au « Livre de la citadelle des Dragons ».
Les Éléments*
A l’origine, les Éléments prirent part à la fondation puis à l’essor de la Gangue et à la structuration du réseau de Mycéliums. L’énergie des Éléments transitait par ces Mycéliums et alimentait de son précieux fluide vital les agrégats. Lors du processus d’émergence des consciences de La Gangue et de Dédale, des résistances endogènes émergèrent. Les agrégats majeurs réclamaient leur indépendance. De résistances initiales, les désaccords se multiplièrent jusqu’à déclencher le Grand conflit. Las de ces dissensions, les Éléments se retirèrent du combat. Plutôt que batailler, ils préféraient essayer, bâtir, agencer.
Que firent-ils durant cette longue période ? « Le livre des Éléments » apporte des pistes de réflexion et des éléments de réponse. Ils participèrent à la formation des fatras d’énergie qu’on appelle Noyaux. Le temps passa. Ils élaborèrent des voies de communication originales qui préfigurèrent aux déplacements au sein des mondes ; ils s’illustrèrent par la création des failles, qu’ils déclinèrent en quatre essences, le feu, l’air, la terre et l’eau. Ils inventèrent leur propre langage, source de création d’énergies et de matériaux… langages qu’ils décomposèrent selon ces essences et qu’ils subdivisèrent à leur tour en plusieurs sous-types dénommés les para-éléments… Après de longues et vaines tentatives, cinq Altharies -ces zones de fabrications alchimiques et productrices d’énergie- furent édifiées.
A l’origine neutres, ils s’impliquèrent peu à peu, contraints et ou forcés mais en évitant de s’engager ouvertement. Ils posèrent les premiers jalons des Demeures des Maîtres-démons. Mus par une soif inextinguible de bâtir et d’organiser, les Éléments se tiennent à l’écart des intrigues et complots, ce qui ne les empêche pas de maintenir de bonnes relations de voisinage avec les autres forces et parfois de répugnances….
Les relations
• Les Dragôns et les Éléments s’entendent et se comprennent. Une alliance naturelle reposant sur une même vision syncrétique de l’ordre des choses et du monde. Ils puisent dans des sources énergétiques proches, les premiers manipulant les matériaux afin de produire des sons dont ils tirent parti, les seconds extirpant, prélevant la substance des matériaux afin de bâtir de nouveaux édifices, de se nourrir ou de fabriquer divers objets. Une communication non verbale s’est enracinée entre eux, génératrice de composants et d’ondes sonores d’une grande richesse, hors d’atteinte des autres.
• Les Éléments considèrent les Entités comme des partenaires obligés. Ils ne les aiment pas, ils ne les abominent pas non plus. Les Éléments ne peuvent décemment les repousser sans s’interdire l’utilisation des Mycéliums, canaux inévitables pour la transmission des matériaux, alors, ils composent avec elles.
• Ils honnissent les Lames. Dés l’instant où cette force s’est manifestée, c’est-à-dire très tôt, leurs rapports ont été détestables. Entre eux, la guerre est déclarée. Phénomène étrange, car les Éléments sont supposés de natures pacifique et désintéressée, mais, les modes d’action des Lames faits de décrochages, de disruptions et de décalages hérissent et importunent les Éléments qui voient leurs œuvres s’écrouler sous leurs coups.
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* Pour une étude spécifique des Éléments, l’auteur conseille de se reporter au Livre éponyme ainsi qu’au « Livre des Raies de Lune et du Soleil ».
Les Entités
Lorsque la Gangue, -la matrice originelle du monde- acquis un embryon de conscience, celle-ci conçue cinq êtres, baptisés Entités, qui la représenteraient en tout lieu et en tout temps. D’autres assemblages, les démons des failles, véritables bras armés de la Gangue, les escortèrent. Plus délétères, moins éveillés ou clairvoyants que les Entités, ces démons* singuliers apparaissent ou disparaissent selon des processus difficiles à élucider.
Les Entités sont identifiées comme étant l’émanation de La Gangue et de Dédale. Rassemblées dans une structure fixe et équivoque, qui devait préfigurer plus tard à la l’organisation des pentacles. On la nomme La Main, une sorte de manade formée de cinq membres, conduite par la Gangue, leur gardian. A la différence des Pentacles dits traditionnels, la Main n’est pas soumise aux diverses contraintes spécifiées dans l’Édit des genres. Équivoque car ses motivations sont empreintes de certitudes et de déterminismes. Elle ne vise qu’un seul objectif et ses actions ne tendent que vers un seul but : détruire les agrégats qui s’opposèrent jadis à leur génitrice, c’est-à-dire, les Maîtres-démons, et, éventuellement, les Princes-démons qui se dressent devant elle. Dés lors, on peine à comprendre les raisons pour lesquelles les Entités sont perçues comme forces protectrices.
Elles conçoivent et utilisent les différentes failles normales (créés à l’origine par les Éléments) et chronotypes pour se mouvoir. Le Bourreau se nourrit des ombres pour amplifier sa mobilité. Contrairement aux autres forces, leur langage s’avère peu structuré et très limité. Elles ne s’appuient pas dessus pour penser le monde. La Veuve noire ploie sous les subtilités du langage et éprouve beaucoup de difficultés à distinguer passé, présent et futur ; Le Bourreau s’exprime rarement ; La Brute jamais ; Le Dirigeant beaucoup trop, sa pensée se fourvoie dans des abîmes insondables. Seule La Polymorphe s’adosse à la richesse de la langue pour se muer en un être accompli, capable de prouesses insoupçonnées.
Chaque partie de La Main est configurée en fonction des mondes dans lequel elle évolue. Cela nécessite un temps d’apprentissage, d’où leur association, et parfois intégration, avec des créatures, souvent des Princes-démons, considérées comme vectrices ou motrices dudit monde en question. Trois d’entre elles, Le Dirigeant, le Bourreau et la Brute, ont des rôles et des comportements figés, quasi-immuables :
– La première, dénommée DEN, réfléchit et planifie. Elle se nourrit du savoir, démêle les fils du temps, tisse sa toile, maille après maille, explore les possibles, évalue, envisage, prévoit, puis, instruit ses frères et sœurs. Elle interagit avec Le Noyau « les perles du destin », c’est pourquoi, celle ou celui qui le détient n’est que son instrument.
– La seconde, qualifiée AVRASHQA car il faut bien lui donner un nom, implacable, exécute et tue. Elle se meut dans un espace insolite, Le Royaume des ombres, assimilé à la gangue, la matrice et la sève de celle qui lui donna naissance. Ce royaume est irrigué par les Mycéliums, invisibles, mais qu’elle seule distingue et que quelques autres, rassemblés au sein du Cercle des ombres, devinent. Elle les utilise pour se mouvoir avec une aisance sans égale. Elle est souvent confondue avec KRULL en raison de sa façon de procéder. Cette confusion ne résiste pas à l’observation attentive des faits car KRULL porte en elle des dimensions symboliques et programmatiques** à la différence d’AVRASHQA.
La troisième détruit. On préfère l’appeler La Brute, adjectif dénué d’ambiguïté plutôt que sous son nom de –TONERIN-. Fort heureusement, celle-ci intervient rarement car quand elle entre en action, la fin du monde est annoncée et rien ne peut l’arrêter. Elle ébranle les mondes, écrase indifféremment démons, hommes, et bêtes et fracasse les édifices, entraîne tous et toutes dans une spirale de l’anéantissement, d’où son surnom de l’Apocalypse.
Les deux autres parties de La Main se distinguent des trois précédentes par leurs caractères non programmés :
– MAÏALE, dite La Veuve noire se comporte comme un tampon entre le monde extérieur et les membres de son Pentacle. La première réveillée, la première à prendre conscience… encore faible, sans directives, elle cherche des esprits et des corps qui sauront l’éduquer. Elle apprend… puis ranime ses frères et sœurs qui prennent alors leur envol. Sans elle, les autres s’éparpillent, le Pentacle ne se consolide pas et se désagrège. C’est pourquoi on l’assimile à MYRLITH**, la Régénératrice des mondes. Une erreur. Elle ne régénère que les membres de son Pentacle. La vie ? Peu lui chaut !
– Enfin, la dernière, La Polymorphe, est définit comme variable aléatoire du Pentacle. Inutile de la nommer autrement car celle-ci se métamorphose si souvent qu’aucune appellation ne lui correspond. Composante versatile du Pentacle, imprédictible, nécessaire sous peine qu’il se sclérose. Par nature, elle interagit avec la Trinité au point que l’on suppose qu’elle soit l’essence de KRULL… du moins dans l’une de ses incarnations. Cet être complexe, incontrôlable et non formaté présente des risques pour l’existence de son propre Pentacle. Il existe toujours une possibilité pour qu’elle s’égare et se transforme en quelque chose d’opposé… La Polymorphe se hasarde vers des terrains inexplorés et dangereux et s’expose à d’autres forces – peut-être les Dragôns – mais surtout les Lames toujours prêtes à intervenir si elles découvrent cet écart. Des gardes fous ont été mis en place pour éviter cet écueil. Le Bourreau l’élimine. Une nouvelle Polymorphe éclot. Durant ce laps de temps, une Princesse-démone singulière, La Résolue, la remplace. Puis, le cycle reprend son cours…
Les relations
• Elles ont toujours adopté une position de neutralité, si ce n’est d’indifférence, vis à vis des Dragôns. Elles ne se préoccupent pas de leurs manigances tant que celles-ci n’interfèrent pas avec leurs projets. Les Dragôns se gardent bien de les contrarier.
• Souvent agacées par la timidité des Éléments et par leur non implication dans le conflit qui opposa la Gangue et Dédale aux grands agrégats, ils n’en demeurent pas moins des partenaires inévitables, chacun tirant profit de l’autre.
• Enfin, perplexes, le cas des Lames les interpellent. Que faire face à cette force énigmatique…. Elles tâtonnent jusqu’à trouver une réponse à leurs errements. Frapper ? Esquiver ? Ignorer ? Leur attitude varie selon les situations mais elles ne parviennent pas à déterminer si elles doivent les considérer comme des adversaires ou des alliées.
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* Pour une étude spécifique des Démons des failles, l’auteur conseille de se reporter au « Manuel des aberrations »
** Pour une étude de KRULL ou de MYRLITH, l’auteur suggère de se référer au « Livre de la Trinité ».
Les Caryatides ou Lames
Le cas de cette dernière force se distingue des précédentes par son originalité et par les nombreux points d’interrogation qui l’entourent. D’où cette partie si longue et verbeuse à leurs sujets. Il nécessite la lecture concomitante du « Traité aux identités multiples » et du « Livre de la Trinité » pour en appréhender la complexité. Nous savons qu’elles sont liées à un lieu étrange et méconnu, Le Manoir sans ancrage de Déménor qui baigne dans la Mer tourmentée, et émanent d’un environnement féerique surprenant, La Forêt baroque. Ces lieux mystérieux ne sont pas décrits ici, faute de connaissances suffisantes à leurs sujets. Ce qui peut être avancé ici.
Tout d’abord, cette force annonce les caractères duals en toute chose et être, ce que tente d’exprimer sa double appellation. Ensuite, ceux sont les autres qui la nomment ainsi et non elle même. Enfin, nouveau paradoxe, elles sont plusieurs, cinq par monde*, uniques, mais conscientes d’appartenir à une communauté. Un peu d’explication, peut-être.
On les parent de différents noms car personne ne sait comment les désigner précisément. Tantôt Lames, d’autres fois Caryatides… une ambivalence embrouillée marquée par beaucoup d’imprécisions. Une face accueillante, protectrice, qui garde, protège et accompagne et que tente de suggérer maladroitement le vocable de Caryatides. Son autre face, le revers du médaillon en quelque sorte, Les Lames, plus agressives, qui frappent et fracturent, mais dont le but final vise à restructurer. On s’aperçoit qu’aucun des deux termes n’est approprié. L’auteur avoue son désarroi en la matière. Par commodité, il utilisera désormais le terme de Lames, plus simple et plus adapté à ses propos.
Lames au pluriel car, c’est une tautologie de l’écrire, elles sont plusieurs. Certes, mais cela s’avère inexact. Elles se démultiplient en de nombreuses variantes. Multiples et unique en même temps ; c’est pourquoi on les confond avec La Polymorphe car leurs trajectoires se rencontrent et se chevauchent fréquemment. Cela est inhérent à la manière d’agir des Lames -voir plus loin- et à la versatilité de La Polymorphe. Une remarque à ce sujet. Les Lames détiennent un médaillon noir visible en forme de ruban de Möbius, identique à l’atavofigure de La Polymorphe (cf. le « Livre des savoirs interdits »), -ce qui tend à accroître la confusion entre les deux- considéré, non sans raison, comme l’un des objets les plus dangereux de l’ensemble des mondes connus.
Elles se présentent sous l’aspect d’une femme mais il existe une composante plus rare masculine, très semblable, dénommée Atlante.
Les Lames sont inséparables du dytique Vie / Mort, qui demeure l’essence des mondes, ce qui explique leurs liens étroits et indéfectibles avec les Commandeurs des morts et des vivants. Elles sont physiquement ancrées à un lieu – d’où leur appellation de Caryatides -, en l’occurrence Ilairthe / Thalirie / Eliathir pour leur déclinaison mortuaire, les trois mots formant des anagrammes. Concernant ces trois cités, l’auteur renvoie à la lecture du livre « Le Royaume des morts ». La Vie, l’autre versant du dytique, prend naissance au cœur de la cité Enoos**, lieu de tous les possibles pour les mortels des Mondes faillés.
On ne peut douter de leurs affinités avec les sphères féeriques du fait de leur origine***… elles possèdent toutes la marque des sorcières, symbolisée par une main fine, les doigts écartés enserrant une flasque, sceau identifiant les membres de la confrérie Éclat. Qui fonda cette confrérie ? L’Ensorceleuse ? Les Lames ? Nous n’en savons rien… d’autant, que pour ne rien arranger, l’Ensorceleuse et La Polymorphe s’accordent si bien…
A l’image des Entités, elles se réveillent après un long sommeil à la suite d’un élément déclencheur lié au temps ou lorsqu’un événement spécifique se produit. Arrivée des Commandeurs des morts ou des vivants dans leur royaume respectif, découverte de la Navigatrice du temps de son atavofigure, basculements temporels,…
Quelques remarques concernant leurs aptitudes exceptionnelles…
Elles excellent dans la maîtrise du temps et de l’espace. Évelyne et Kabale, Reine et Roi du temps, sont fascinés pour ne pas dire médusés par l’étendu de leur savoir-faire et leur virtuosité en la matière. Elles connaissent tous les types de failles mais n’en abusent pas, voire les négligent. Énergies élémentaires, Royaumes des morts et des ombres, rien ne les arrêtent… les énergies hostiles ou nuisibles qui nécessitent un temps d’apprentissage pour les profanes, les règles régissant les êtres et mondes… glissent sur elles, sans prises,… rien ne semble les affecter, voire elles en jouent… (note : ici, les propos de l’auteur se déconstruisent, se désorganisent au point que l’on puisse douter soudainement de l’intégrité de celui (ou celle) qui prend la plume .. comme s’il s’émouvait par l’énormité du sujet traité et des conséquences qu’il peine à verbaliser ou à écrire.. dépassé… propos incohérents… )…
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Note : césures identiques à celles qui figurent dans les discours d’Hadès
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Après une suite inintelligible de signes, autant sibyllins qu’abscons, l’auteur reprend plus loin.
Comment expliciter leur rapport au langage et aux mots sans se noyer dans des théories fumeuses? Pour le formuler simplement, celui-ci dépend des domaines qu’elles fabriquent elles-mêmes dans lesquels elles décrivent autant qu’elles racontent ce qui est dit et écrit. Ces spécificités reposent sur des transactions et des substitutions de portions de temps et d’espaces, autant originales que ravageuses pour qui s’y intéresse.
Les Lames empruntent les voies oniriques et créent des micro-mondes parallèles et juxtaposés pour se déplacer, autant de mondes qu’elles façonnent instantanément selon leur besoin. Elles pratiquent les décrochages et les disruptions à des échelles infimes, non perceptibles par les autres ou sources d’instabilités mentales et physiques pour ceux qui sont visés. Elles déplacent chaque instant, chaque lieu, chaque être inscrit dans ces lieux -quel qu’il soit-, vers des ailleurs légèrement décalés de la source… et rares sont ceux qui peuvent échapper à ces transferts car…
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… encore eut-il fallut s’en rendre compte… mais comment ?
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… chercher à découvrir l’original du décalé entraîne la formation de nouveaux décalages au point de provoquer une fugue vertigineuse… ou des univers superposés en strates infinies…
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…à moins de figer le temps et l’espace dans une paralysie générale comme…
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?
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Essoufflé, l’auteur peine à reprendre ses esprits. Ces dons hors du commun soulèvent une question en apparence triviale : pourquoi ne gouvernent-elles pas ? Elles ne le souhaitent peut-être pas ? A moins que quelque chose ou quelqu’un les en empêche. Quoi ? Qui ? La lecture de l’ouvrage sur « La Trinité » apportera peut-être des éléments de réponse.
Les relations
L’auteur respire. Un ouf de soulagement. Enfin un aspect accessible et exprimable. Les autres forces ne les apprécient guère… Les Éléments les honnissent, les Dragôns les réprouvent et les Entités s’interrogent…
• Les Éléments exècrent celles et ceux qui portent atteinte à leurs édifices. Ils assemblent, organisent, essaient, façonnent… les Lames, par leurs ruptures et décalages successifs, occasionnent de multiples fractures, des dissonances dans l’harmonie de leurs assemblages. Par leurs liens à la matière, ils subissent de plein fouet ces fragmentations qui dissocient leurs amas qu’ils avaient savamment agrégés à l’instar d’un plaisantin s’évertuant à mélanger les pièces d’un puzzle. Entre eux, la guerre est déclarée.
• Les Dragôns les blâment et s’en méfient. Parfois ennemis, parfois partenaires, le plus souvent distants. Les deux parties s’évitent, conscientes qu’elles ne tireront aucuns bénéfices à s’associer ou à guerroyer. Mais les Dragôns échafaudent et les suivent ou du moins tentent de les suivre car comment pourraient-ils les ignorer ? Selon leur point de vue, rien ne saurait être laissé au hasard. Il est peu probable que les Lames se préoccupent de ces créatures imbues d’elles-mêmes…à moins que celles-ci ne les dérangent. En général, les Dragôns s’abstiennent ou empruntent d’autres voies.
• Les Entités s’interrogent. Elles sont désarçonnées par les modes opératoires des Lames. Leurs desseins emberlificotés les perturbent mais tant que ces dernières ne portent pas atteintes directement à la Gangue ou à Dédale, elles observent. D’ailleurs, dans certaines circonstances Les Lames épaulent La tueuse des dieux à pourfendre les Maîtres-démons alors… Le Dirigeant les suit et s’immerge dans leurs micro-mondes …
// il se disperse
..
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il est submergé par toutes les possibilités qu’elles essaiment…
…
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… cela suggère tant d’éventualités… fourvoyé, il se noie…
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… quand il revient à lui, en dépit de son aisance et de ses facilités, il ne sait plus comment orienter La veuve noire, que lui dicter…
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Alors, dubitatif, il observe à nouveau et ordonne de frapper, de s’allier, ou de surveiller, ou… d’attendre…
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att.. en..d.re……
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* Cinq identifiées par monde et quelques autres qui conduisent à des impasses. Cela suppose qu’elles sont elles aussi soumises à la contrainte du nombre d’or cinq.
** Atlantis ou la Cité des Lumières, son équivalent dans le Monde lié.
Hurs, La cité dans les nuages pour les Mondes éclatés bien que ces mondes n’aient pas de centre ou de capitale…
*** La Forêt baroque