Le discours d’Hadès 2

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Invraisemblable. Quelqu’un est-il intervenu ? Une force inconnue ? Je n’en aurai rien su ? Quel est ce prodige ? Je ne discerne que fumées et silhouettes… à analyser plus tard si l’occasion se présente… Peut-être qu’Évelyne et Kabale m’aiguilleront.

Mes trois comparses croisent –FORTUITEMENT !- en chemin Amï, le commandeur des vivants. Que fait-il là seul, celui là ? Comment est-ce possible ? Il n’est pas seul. Il est flanqué d’une énergie hors-norme. Je me penche pour mieux l’examiner. Qu’est-ce ??? Yraum, l’altérateur de l’environnement. J’ignorai que le commandeur avait accaparé un noyau. Il est vrai que j’ai été longtemps absente, à batailler contre des résurgences hétérogènes qui tentent d’usurper mon identité. Les temps s’entrecroisent, mes destinations se multiplient… et se raccrocher n’est pas simple… J’y laisse des plumes, je suis obligée de broyer des quantités impressionnantes de raies de lune, mais c’est exaltant. Les ombres suivent. Cela me plaît.

Amï éprouve de grandes difficultés à maintenir l’Altérateur en l’état. Les abords se métamorphosent, se transforment et influent sur son essence. Sa morphologie subit des assauts incessants qu’il contre difficilement. Cela n’échappe pas à la vigilance de Lehjdas. Une aubaine pour lui. Comment puis-je le lui reprocher ? Le commandeur des morts ne tente rien contre son homologue ou plutôt son opposé. Il sait l’opération trop risquée. Par contre Suniel… ce dernier est captivé par la source d’énergie extraordinaire qui palpite devant lui. Il la dévore des yeux.

J’aperçois Lehjdas. Je l’entends. Que lui dit-il ? Suniel se détourne d’Yraum et l’écoute. L’esprit lourd, embrumé et affecté par la puissance de l’Altérateur il saisit des bribes de phrases… sans parvenir tout à fait à en comprendre le sens général. Deux noms émergent du lot. Asumôl, Angoul… oui, il se souvient. Idaûle et Lehjdas ont repoussés dans un combat titanesque Thaphadrogèl, la plus grande combattante du monde. Ils ont sauvés Asumôl d’un asservissement certain et indirectement Angoul, d’une langueur prévisible pour le chantre de la rivalité et du déchirement en amour… il lui doit bien ça en effet.

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Un rayon de la lanterne frappe Amï, le projetant dans les bras d’Yraum qui absorbe une partie des effets. Le corps du commandeur des vivants explose et se disloque dans l’univers. Ses frères et sœurs auront fort à faire pour récolter et assembler ses morceaux… Le début d’un long voyage pour eux auquel, peut-être, je serai conviée en tant que navigatrice. A voir. Pas le temps d’étudier la question maintenant. Cette situation nous convient. A priori.

Ricochet. La violence et la proximité des deux noyaux déclenchent une réaction en chaîne. Un violent séisme ébranle le monde. Les ondes se propagent dans toutes les directions et dérèglent les temps proches. Les dégâts sont immenses. Je suis soulevée de terre et mon essence écartelée. Noir. Rideau.

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Où est la Lanterne ? Je ne sais pas.

Où est Suniel ? Je ne sais pas. Où….

Ohhhhhhhhhhh. Une fenêtre s’ouvre ou non ? Je visite la scène… mais je suis incapable de me représenter dans quels espace et temps je me trouve. Pas grave. Je regarde qu’en même. Ici, une fenêtre s’ouvre et la Lanterne disparaît, avalée dans l’orifice béant qui se rétracte par la suite… Yraum divague, erre et défigure l’environnement… des silhouettes virevoltent autour de lui… obscures formes bourrées d’incongruités. Elles m’ont vues. Vite !!!! Je me retire de la scène… trop dangereux.

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Je revisite la scène sous un autre angle… nouvelle éventualité. Il y a quelqu’un, quelque chose ?, qui profite de la cacophonie pour se raccrocher à la Lanterne, s’en saisir, et fuir sans que quiconque s’en aperçoive. Je glisse un regard et je tente de le/la poursuivre mais il/elle courre, zigzague et je le/la perds… je me dissous… rideau.

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Ai-je déjà été confrontée à cette influence… une impression, plutôt une surimpression, où étais-je ? A Déménor, oui, je l’ai sentie, plusieurs fois il me semble mais je n’étais pas toujours la même… donc, cette influence existe dans différents temps ou lieu car Déménor n’a pas d’ancrage… je le sais bien. Intéressant. Où encore… non… je formule mal la question… réfléchissons.

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Voilà.. non pas où mais avec qui. Avec Lehjdas quand Lizanéa tua Nahliacie… La plus grande tueuse avait encore frappée. Nous étions partis tous les trois à la recherche du corps de notre soeur, Lehjdas, Annalayera et moi. Lehjdas maugréait car nous suspections l’intervention d’Irfan, le cerveau, d’avoir coordonné le « vol » de Krull… ce qui n’avait rien d’étonnant de la part du planificateur. Quel était son commanditaire… nous l’ignorons et il importait d’actionner nos réseaux… l’assassinat de notre sœur constituait un frein à notre enquête et cela n’enchantait guère mon frère, qui était devenu, depuis le vol de Krull, irascible. Plus que d’habitudes. Je me rappelle…. bon passons les détails.

Heureusement, Annalayera tempère et détourne l’irritabilité de Lehjdas… et…. oh !!! que lui a-t-elle dit au détours d’une phrase ??? Comment cela m’a t-il échappée ?

Je regarde…

« Étonnant, comme tu parais dénudé… Tu es nu comme un vers depuis que tu as perdu Krull. Tu n’es jamais le même sans ton épée. C’est à chaque fois pareil. Ne t’inquiète pas, je vais t’aider à la retrouver. Nous en avons tous les deux besoin ».

Je n’avais pas fais attention à cette remarque glissée dans le flux banal de la discussion. Sidérante cette faculté d’Annalayera. Je ne la savais pas si perspicace. Comment savait-elle cela ? Qu’entendait-elle par « Nous en avons tous les deux besoin » ?

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Et puis.. nos chemins se séparent ici… Lehjdas et Annalayera s’enfoncent dans la forêt baroque… je les perds de vue…. et c’est alors, quand j’essaie au cours de mes déambulations de suivre leurs pas, car ces deux-là, ont disparus et m’ont laissés seule avec le cadavre de Nahliacie sur les bras, que quelque chose s’oppose à moi, fuit, détourne mes regards et m’offre une infinité de possibilités… et je me noie. J’ai qualifié la chose de force un jour… mais influence sonne bien aussi.

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Je m’égare mais je sème quelques pistes pour mes différentes incarnations. A nous d’unifier nos savoirs.

Je reprends… chronologiquement je ne suis plus sûre de moi… ni dans quels ordres, ni dans quels lieux ces nouveaux événements surviennent… peu importe, ils font partis de mon histoire, de notre histoire.

Éla est furieuse. Ivre de colère. Elle est résolue à se venger. Cela va faire mal.