La narration d’Ailhiance à ses frères et soeurs
C'est par une journée radieuse que je m’éveillais. Les oiseaux pépiaient autour de moi. Je me sentais en harmonie avec ce lieu, une sorte de félicité surnaturelle m’arrachait hors de mon corps. J'étais adossé à un arbre, de fort belle taille ma foi. Sa ramure me laissait à peine deviner un ciel que je ne reconnaissais pas. Cet astre clair étincelant qui dardait ses rayons sur ma peau me réchauffait, pourtant je l'accueillais sans joie. C'est alors que je me rendis compte de ma condition. Je grelottais. Je ne sentais plus mes membres. Qui étais-je ? Où étais-je ? Pourquoi étais-je si cabossé ? Ces pensées me terrifièrent. Je divaguais. Je sombrais dans l'inconnu, un monde sans rêve. Qui saurait dire combien dura cette succession d'assoupissements et de réveils ? Quand je repris connaissance, j'y voyais plus clair. Je tentais de me redresser. C'était présumer de mes forces car je m'affalais tel un misérable. Je sentais profondément que celui que j'étais devenu ne correspondait pas, plus, à celui que je fus naguère... pourtant, rien ne transparaissait de mon ancien état. Le néant.