En préambule

Je commence une auto-analyse afin d’approfondir la connaissance de mon être et d’assembler les événements qui interagissent avec mes différents mois. Cette autoanalyse sera utile aux différentes incarnations qui recueilleront mes questionnements. Il s’agit d’un journal de bord, qui se présentera sous la forme d’un discours, certes fractionné, que je compléterai au gré de mes réminiscences ou de mes fulgurances. J’y consignerai mes observations et mes ressentis. Je fabrique un puzzle dont les pièces appartiennent à des temps et des lieux hétérogènes… Parfois, des morceaux auront du mal à s’insérer dans le canevas global… il faudra que je face preuve de patience et de clairvoyance. Cela ne m‘effraie pas.

Je suis la seule ayant les capacités à pouvoir effectuer cette démarche parmi l’ensemble des Princes-Démons, membres ou non membres d’un Pentacle. Autant que cet atout nous serve. Je suis consciente que selon le degré d’avancement et l’orientation de mes incarnations celles-ci n’interpréteront pas ces interrogations de la même façon que moi. Question de perspective. Et il est probable que certaines parmi-elles ont déjà adopté ou adopteront une telle démarche. Donc, aidons-nous les unes les autres…

J’y vois un autre avantage. En procédant ainsi, je ne provoque aucun basculement, volontaire ou non. Je n’implique personne d’autre que moi et mes incarnations. Aucune forme étrangère ne s’immiscera dans mes pensées et n’interagira avec elles. Je laisse la possibilité aux membres de mon Pentacle qui accompagneront mes incarnations d’écouter mon discours. Il n’y a qu’eux qui l’entendront compte-tenu des liens qui nous unissent.

En principe. Je me suis aperçue que cela est inexact. L’être qui accompagne Lehjdas le capte aussi. C’est extraordinaire et impossible. Cet être se manifeste toujours sous une figure féminine attirante pour Lehjdas ou ses incarnations. Son nom change au fil des rencontres ce qui ne facilite pas ma tâche d’autant que ses appellations ne répondent pas aux anagrammes. Encore un particularisme le concernant. J’avoue que cela me laisse perplexe.

Cet être déjoue tous les schémas connus des mondes et des temps. Il faudrait se reporter à l’Édit des genres pour comprendre ce qui est consigné à son sujet. Tout d’abord, j’ai cru que cet être était unique. En fait, je n’en suis plus si sûre. Il est possible qu’il en existe différente version ou qu’il revête différentes formes. J’ai pensé bien entendu qu’il s’agissait de la polymorphe. Mais… mais l’affaire est plus complexe que cela. Je suppose que parfois il s’agit d’elle, parfois un double de la polymorphe, parfois une polymorphe émancipée du Pentacle la Main, parfois un être indépendant, et parfois un être qui se joint aux Pentacles. Dans ce dernier cas, ils seraient alors plusieurs. Mais comment distinguer les variantes les unes des autres? Je ne sais pas. Je rappelle qu’il ne s’agit que de conjonctures. Je peux me fourvoyer. Il faut être conscient qu’il existe… J’imagine que mes différentes incarnations qui recevront ce message l’entendront.

Je ne suis pas parvenue à résoudre cette énigme, laquelle se complique si l’on y ajoute une donnée capitale. Les liens entre Lehjdas, ou ses différentes manifestations, et cet être sont indéfectibles et irréfragables au point qu’ils puissent s’opposer à nous. Cela n’est arrivé qu’une fois, du moins est-ce ainsi que j’interprète ce qui s’est produit, mais comment puis-je avoir l’assurance que ce phénomène ne s’est pas déjà produit par le passé ou que cela ne se reproduira plus ?

C’est tout l’intérêt de ce journal. Me définir. Collecter et rassembler les éléments me concernant ainsi que ceux ayant traits à mes frères et sœurs à travers les âges et les mondes. Scruter cet être -ne pas s’y opposer car il nous a toujours été favorable et d’un très grand secours; de plus notre Pentacle n’y survivrait pas-, comprendre ce qu’il attend de nous ou de Lehjdas. En supposant qu’il le sache lui-même, ce dont je ne suis pas convaincue. Finir le puzzle. Alors nous gravirons les montagnes et nous toucherons au but.


Qui sommes-nous ?

Je me nomme Hadès. Si vous entendez ce discours c’est que vous êtes l’une de mes incarnations, dans le passé ou le futur, peu importe. Afin que vous vous situiez par rapport à moi, j’évolue dans le Monde Lié. Un cataclysme arrive -nous le pressentons tous- qui n’est certes pas le premier, mais qui annonce des temps perturbés, pour ne pas dire la fin. Les nuages s’accumulent et il va falloir songer à nous protéger, fuir et préparer l’après. C’est ce que j’entreprends ici. Il est possible -voire probable- qu’une ou plusieurs incarnations se glissent dans ce canevas général et ne concerne pas directement mon moi actuel. Je mesure l’ampleur de ma tâche et de la vôtre pour démêler tout cela.

Bien ! Je profite d’une conjoncture favorable tout à fait exceptionnelle pour retracer les moments forts de mon existence récente ainsi que celles des membres de mon Pentacle, c.a.d., le Pentacle Indocile. J’ai nommé :

Lehjdas, dit « le sournois », le commandeur des morts,
Nahliacie, dite « la corruptrice », la plus grande acrobate,
Idaûle, dit « le violent », le plus grand destructeur,
Suniel, dit « le cynique », le plus grand élémentaliste,
Hadès, dite « la trouble » la plus grande navigatrice dans l’espace / temps.

Nous sommes tous les cinq au sommet de notre art, à l’instar des Princes-démons des autres Pentacles ainsi que plusieurs Princes-démons isolés. Ces derniers sont alors sous la férule stricte d’un Maître-démon. Le Pentacle La légère gouverne le Monde Lié. Plus pour très longtemps. Notre puissance dépasse l’entendement. Dans certains mondes, nous rivaliserions avec les Dieux. Dans celui-ci, nous sommes les Dieux. Nous réglons nos affaires entre nous car les autres êtres, vivants ou morts, ne méritent pas notre attention. Nous les utilisons en tant que simples pièces d’un échiquier géant même si parfois, certaines pièces se rebellent. Il y a pourtant des exceptions qui prennent des formes différentes selon les mondes et les époques. Je citerai parmi elles, les êtres du Chaos et de la Loi, les démons des failles, les Entités, les Dragôns, certaines créatures élémentaires et enfin des êtres qui s’arrachent de la gangue et dont l’aspect est indéfini. Nous n’avons ni dieux ni maîtres. Certes des maîtres-démons gravitent autour de nous sans nous dominer.

L’ouvrage intitulé « L’Édit des genres » consigne les relations entre Princes-démons et Maîtres-démons. Mais ce dernier décrit aussi d’autres types de relation, dépeint d’autres êtres et contient bien d’autres savoirs inestimables. Cet ouvrage se décompose en plusieurs chapitres chacun disséminé dans des sous-ouvrages. Je citerai, sans prétention à l’exhaustivité, « le Livre des mondes », « le Livre des Princes et Maîtres-démons », « le Livre des créatures légendaires», « Le Livre du temps » et « le Livre des objets extraordinaires ». Il y en a d’autres…

Malgré nos luttes interminables, nous sommes presque affranchis… mais cela ne nous satisfait pas. Nous en demandons toujours plus. Malheureusement, au moment ou nous croyons atteindre le sommet et que nous entrevoyons les moyens de nous libérer définitivement, l’un ou l’une d’entre-nous commet l’erreur irréparable. L’erreur fatale qui bouleverse l’équilibre et nous renverse. J’y vois une forme de fatalisme, d’autre évoquerait une malédiction. A moins qu’il y ait quelque chose d’autre, une force qui intervient à notre insu, Princes-démons, Maîtres-démons et peut-être, oserais-je même avancer, Entités. Compte-tenu de ma nature, j’y ai souvent été confrontée et je m’interroge. Ici et là vous le noterez. A vous d’en faire bon usage.

Nos vies s’organisent en cycle, qui s’enchaînent selon une loi immuable. L’un s’achève. Un autre lui succédera. Je précise que cet exercice requiert de ma part une débauche d’énergie qui me broie. J’y parviens car je dispose de facultés hors du commun. Le contexte s’y prête aussi. Un jeu d’équilibriste dangereux mais j’assume les risques. Cela explique la vision hachée, rarement linéaire, voire décousue de ma narration. Je demeure, en dépit de mes qualités intrinsèques, perfectible. Un puzzle, je disais.

Commençons. Une histoire rocambolesque, si l’en est… qui se déroule sur des siècles et des siècles (NOTE : passage sous forme d’échappées). Je reviendrai par la suite sur les pistes possibles que j’entrevoie pour vous à travers les âges. Je considère que le temps d’Hadès touche à sa fin. Faites en sorte de sortir de ces cycles infernaux qui nous contraignent. Vous serez alors définitivement libres !


Le discours d’Hadès 1